Je ne vais pas revenir ici sur la technique ou la présentation en détails de ce vélo puisque j'y ai déjà consacré un article complet.

Equipement

Le modèle testé ici est équipé d'une transmission monoplateau SRAM avec pédalier de la série S et dérailleur arrière GX Eagle associé à des leviers Rival AXS. Une cassette 10x50 est associée à un plateau de 44 dents.

Disque de 180 mm à l'avant et 160 mm à l'arrière, pour arrêter le tout même lancé à plus de 60 km/h.

Côté jantes, Specialized a opté pour des Roval Terra montées avec des pneumatiques de 47 mm Tracer Pro. Ses crampons étirés et surélevés sur le centre de la bande de roulement ainsi que la zone de transition offrent de nombreux points d’appui pour garder un contrôle total lors des prises d’angle, du freinage et des phases d’accélération. Des crampons latéraux légèrement plus hauts permettent également de prendre les virages à haute vitesse et ce en toute confiance.

Des pneus à 600 g pièce, ce qui explique en bonne partie que le vélo pèse 13.8 kg en taille 54 ! Il est ici équipé de la batterie auxiliaire (1 kg), ce qui amène mon vélo à 14.8 kg sans les pédales.

L'essai sur les chemins

Specialized avait concocté un parcours gravel de 46 km pour 1040 m de dénivelé. Un parcours mêlant belles pistes en terre mais aussi quelques passages très accidentés avec de la caillasse.

Malgré les pluies de la veille, le parcours était peu gras, fort heureusement, car les pneus Tracer Pro auraient sans doute montré leurs limites dans ce cas.

Le vélo est donc équipé d'une batterie auxiliaire. Si l'on s'en réfère au tableau des autonomies fournit pas Specialized, voici de quoi offrir 90 km et 1950 m de dénivelé en mode Sport. Même si l'application permet de nombreux paramétrages de l'assistance, j'ai tout laissé par défaut, car je suppose que c'est ce que beaucoup de clients feront.

Les premiers kilomètres permettent de prendre en main la bête au niveau de son comportement et d'apprivoiser les différents modes d'assistance. Le maniement des boutons sur le haut du cintre est pratique et évite de lâcher ce dernier pour manipuler des boutons qui seraient sur le tube horizontal. En gravel, sur des portions caillouteuses, c'est bien plus sûr de rester avec les mains sur le cintre.

Le mode ECO confère environ 110 watts d'assistance, ce qui permet déjà d'apprécier l'efficacité de cette aide dans les portions montantes techniques où on peut plus facilement se concentrer sur sa trajectoire que sur son effort. A ce niveau, le moteur est totalement silencieux et très naturel, sans à-coups ou coupure trop franche.

Après quelques kilomètres, arrive un véritable mur. 400 mètres à 20% de moyenne dont un passage à plus de 28 %.

Sans tergiverser, je bascule sur le mode Turbo pour profiter des 320 W de l'assistance. Le moteur se fait entendre un peu plus mais reste sincèrement très silencieux par rapport à la concurrence.

Malgré les plus de 300 W d'aide, la montée demande quasiment 2 minutes d'effort.... oui, j'ai bien écrit d'effort, car il faut tout de même rester à près de 300 watts pour le bonhomme dans une telle pente, ce qui se traduit tout de même par une bonne suée malgré le développement de 44x51.

Mais sans cette assistance, je n'ose imaginer le calvaire pour atteindre le sommet de ce mur. Probablement très compliqué, qui plus est pour des cyclistes non entraînés. L'assistance électrique permet de nettement s'affranchir de telles difficultés.

Après cette difficulté, le parcours s'est montré plus "facile", avec tout de même quelques courtes pentes pas piquées des vers, avec majoritairement des pistes en terre, même s'il a quelques fois fallu concilier avec pas mal de cailloux.

Sur ce profil, l'assistance en mode Trail / Sport s'avère idéale, avec près de 200 watts d'assistance et un fonctionnement qui permet de rester très discret. 200 watts qui permettent soit de monter des pentes au-delà de 8% nettement plus vite, soit de monter à la même vitesse mais avec un effort bien moindre, de façon à prolonger sa sortie avec nettement plus de plaisir. Le mode Turbo, qui offre un énorme couple, parfois un peu trop présent sur les parties techniques notamment avec un sol meuble voire gras, ne s'avère au final utile que dans les plus grosses difficultés. Le mode Trail / Sport sera sans doute le plus utilisé.

Comme sur tout vélo à assistance électrique, on sent la coupure qui arrive vers 27 km/h, surtout si on est sur un faux plat montant et on peste de ne pas avoir une limite plus haute vers 30/32 km/h. Mais sur ce point, Specialized n'y est pour rien. Et en mode pur gravel, dans les chemins, il reste assez rare d'être souvent au-dessus de 27 km/h.

Les descentes se montrent à la fois techniques et très rapides. Les spécialistes du VTT ou du gravel prennent l'ascendant sur les journalistes plus orientés route. Surtout que certaines portions s'apparentent plus à des pistes VTT que du gravel.

Néanmoins, on prend vite confiance, bien aidé par les pneus de 47 mm de section et la suspension Future Shock 3.0 qui permet de gagner en stabilité. Le poids supérieur du vélo se fait totalement oublier même dans les portions techniques. Les freins sont assez largement dimensionnés pour faire face à tout imprévu.

Avec des pointes à plus de 60 km/h sur certaines portions comme ici en suivant la roue de la championne Annika Langvad, quintuple championne du monde de VTT XC Marathon et championne du monde de VTT XC en 2016, il fallait bien ça. Le vélo reste très maniable avec son centre de gravité très bas

Alors que le soleil nous accompagnait, avec un terrain sec, nous arrivons sur le haut de la montagne avec de la brume et un terrain un peu plus gras. L'occasion de "tester" la résistance du moteur à l'eau en passant dans les flaques. Pas de souci particulier, même si ce "test" n'en est pas véritablement un. Mais gageons que les ingénieurs Specialized auront bien pris soin de la résistance à l'eau et la poussière de l'unité.

En revanche, sur terrain gras, les pneus Tracer Pro seront un peu plus limites sur les prises d'angles où les crampons latéraux ne sont pas assez gros, mais cela ne vaut que si vous souhaitez vraiment aller vite !

Sur le bitume, l'assistance électrique, même en mode Eco, permet de compenser le poids du vélo et la grosse section des pneumatiques pour vous emmener aisément vers 26/27 km/h, comme un vélo de route traditionnel. Bien sûr, c'est quand le rythme s'accélère, surtout sur le plat, que l'on retrouve le côté plus lourd du vélo, surtout sur des relances. Vu le poids du vélo, je suis resté très peu avec l'assistance coupée. En effet, avec, près de 15 kg et des pneus très larges, sur la route, on sent la résistance à l'avancement, le mode Eco permet de faire oublier tout cela aisément, pourquoi s'en priver ?

Les pneus offrent ici un bon compromis avec une faible résistance au roulement. Le fait de pouvoir durcir la Future Shock évite le phénomène de pompage en danseuse sans pourtant perdre énormément de confort grâce au gros volume des pneus.

Autonomie

Au final, j'arrive avec 63% d'autonomie restante sur 150 (100% de la batterie interne + 50% pour la batterie auxiliaire). 87 % d'utilisation pour 46 km et 1040 m de dénivelé en ayant utilisé 50% du temps le mode Sport, 3% le mode Turbo, 26% le mode ECO et 20% le mode Micro Tune.

Mais il faut avouer que je n'ai pas ménagé l'ensemble, je n'ai pas cherché l'économie mais vraiment à profiter et m'amuser. On doit être proche des 1900 m de dénivelé promis en restant en mode Sport tout le temps.

Analyse des données avec l'application Specialized

L'application permet d'avoir accès à de nombreuses informations sur la sortie, comme pourrait le faire un compteur.

Puissance du cycliste, puissance moyenne du moteur, on peut avoir accès à de nombreuses informations qui seront amplement suffisantes pour bien des cyclistes qui pourront ainsi se passer d'un compteur sur le cintre. Mais ceux qui veulent en ajouter un pourront sans problème le faire.

Manque juste le partage direct vers Strava et ce serait parfait. Car pour l'heure, on ne peut qu'exporter un fichier .FIT qu'il faudra importer manuellement dans Strava.

Bilan

Une vraie régalade ! C'est l'expression qui m'est venue à l'esprit à l'issue de cette sortie, avec pourtant 46 km et plus de 1000 m de dénivelé.

Ce gravel à assistance électrique permet de repousser sa zone de pédalage sans crainte d'être "trop court" ou d'arriver sur des portions trop difficiles. Même une pente de 15% dans du gravier ne vous fera plus peur, vous permettant de vous concentrer sur où vous allez poser vos roues grâce à l'aide du moteur Specialized SL 1.2.

Une motorisation qui fait totalement oublier le poids de l'ensemble. Et même si on se passe de la batterie auxiliaire, on a droit à environ 60 km et 1300 m de dénivelé en mode Sport. Que vous soyez sportif aguerri ou cycliste moins entraîné, le Creo 2 vous permettra soit de rouler plus vite avec le même effort physique, soit de pouvoir accéder à des difficultés que votre entraînement ne vous permettrai pas en temps normal !

Crédit photos : Etienne Schoeman / Specialized