Présentation

Ce Scultura Endurance vient en remplacement du modèle Ride qui officiait jusqu'à présent aux côtés des Scultura et Reacto.

Sans surprise, ce vélo totalement nouveau s'inspire grandement du Scultura, mais ne nous y trompons pas, ce n'est pas un Scultura sur lequel on aurait simplement rajouté de gros pneus et raccourci la potence. Non, la géométrie a aussi été revue.

Si l'on compare ce modèle en taille M à un Scultura M/L, le tube horizontal mesure 5mm de moins et la douille de direction est plus haute de 7mm. La position sera donc légèrement plus confortable et relevée. Les bases sont aussi 1cm plus longues, ce qui permettra une plus grande stabilité et est nécessaire pour accueillir les pneumatiques jusqu'à 35mm.

Le cadre en carbone CF3 est annoncé à 1124g en taille M et la fourche à 411g. Pour rappel, chez Merida, la fibre CF2 est la plus accessible, la CF5 la plus haut de gamme. En taille M, j'ai pesé ce vélo à 8.35kg. Pas mal si l'on considère son positionnement endurance, ses roues pas des plus légères et ses énormes pneus de 32mm qui l'équipent de série.

La tige de selle de 27.2mm de diamètre est serrée par un système dissimulé dans le tube supérieur.

Les haubans sont très fins, de même que les bases. A contrario, le tube diagonal semble très volumineux si on le compare au triangle arrière, mais ce volume est nécessaire pour assurer la rigidité du triangle avant, associé à une douille de direction conique et un boîtier de pédalier lui aussi massif (Press Fit).

Mais l'esthétique générale reste proche d'un vélo de course moderne et on a vraiment pas l'impression, si l'on fait abstraction des énormes pneus, d'avoir à faire à un vélo endurance ou même un gravel light. Second constructeur mondial de vélos carbone, Merida maîtrise son sujet et la finition est sans aucun reproche.

D'autant plus que ce Scultura Endurance bénéficie d'une belle intégration de la câblerie. Si ce n'est pas aussi fluide que sur certains vélos aéros, Merida a réussi à trouver une solution simple qui rend les câbles aussi discrets que possible au niveau du poste de pilotage.

Câbles et durites s'insèrent dans un capot spécifique au-dessus de la douille de direction, ce qui évite d'avoir tout cela qui s'insère de façon plus ou moins harmonieuse au niveau de la douille de direction ou du tube diagonal. Cette solution a plusieurs avantages, elle est simple, ne complique pas la maintenance et permet d'utiliser le cintre et la potence que l'on veut. De même, on peut facilement descendre la potence sans problème.

Bases et haubans ont un profil distinct qui fonctionne comme un ressort à lame pour bien sûr améliorer le confort. Cela permet d'ajouter plus de confort à l'arrière du vélo et de réduire les vibrations. Comme le montre la photo ci-contre, les bases sont très cintrées.

On le voit sur la photo ci-dessous, les bases sont relativement fines sur leur partie centrale alors qu'elles sont épaisses proche de la boîte de pédalier.

Les haubans sont très très fins et doivent aussi avoir leur part dans le confort du vélo avec une flexibilité assez grande sur les mauvaises routes.

Au niveau des haubans, là où sur d'autres vélos, l'étrier de frein (à patins) vient prendre place, on trouve un pontet amovible qui permet de maintenir solidement le garde-boue arrière. Cela laisse plus de place pour de gros pneus et permet au garde-boue de conserver une bonne rigidité pour qu'il ne fasse pas de bruit et ne vienne pas toucher le pneu.

Au besoin, il se retire facilement pour obtenir un dégagement de roue plus important et pour un look plus épuré. Si vous montez des garde-boues, vous serez limité à des pneus de 32mm de section. Si vous n'avez pas peur de vous mouiller, vous pourrez passer à des 35mm.

Un système de refroidissement des étriers de freins a été développé aussi bien sur l'avant qu'à l'arrière, permettant une meilleure dissipation de la chaleur. Lorsque le Disc Cooler est placé sous l'étrier avant et/ou arrière, les tests montrent alors une température réduite d'environ 35% et un refroidissement plus rapide.

Les ailettes Disc Cooler usinées CNC permettent de bénéficier pleinement du freinage à disques sur les vélos de route, notamment dans les descentes de cols où les disques sont soumis à rude épreuve et où une surchauffe peut rapidement dégrader la puissance de freinage.

Les disques sont en 160mm aussi bien à l'avant qu'à l'arrière avec possibilité de monter des 180mm.

Le serrage de selle se fait via une vis dissimulée sous un cache plastique. La tige de selle est un modèle rond standard de 27.2mm. Là encore, Merida a fait un choix simple qui permettra aussi à l'acquéreur de pouvoir changer facilement sa tige de selle par n'importe quel modèle.

Ici livré dans un coloris gris mat, le vélo est aussi disponible en bleu, au tarif de 4199€.

Equipement

Sur ce modèle haut de gamme, on retrouve une transmission Shimano Ultegra Di2, un groupe connu et reconnu pour sa précision et fiabilité. Hormis le poids, on a quasiment les mêmes prestations qu'avec un groupe Dura Ace Di2.

Merida a ici opté pour des plateaux 50/34 et une cassette 11-34 qui permettra d'aller sur tous les terrains avec le plus petit rapport en 1:1.

Cintre, potence et tige de selle sont des produits de chez Merida. Cintre et potence sont en aluminium avec un diamètre de 31.8mm et la tige de selle est en carbone, surmontée d'une selle MERIDA EXPERT CC.

Les roues sont des P1850 Spline DB23 de DT Swiss en aluminium de 23mm de haut. Pas de profil haut ici, ce qui se comprend aisément pour un vélo endurance sur lequel on cherchera plutôt du confort que la performance.

C'est aussi dans cette optique que Merida a opté pour de gros pneus de 32mm, des Continental Grand Prix 4 Season. Un pneumatique solide prévu pour durer et qui bénéficie de renforts anti-crevaisons (double renfort Vectran et protection des flancs DuraSkin). Bien sûr, tout cela se paye sur la balance avec 340g par pneu. Une section idéale pour ceux qui voudront utiliser leur vélo tous les jours pour se rendre au travail (et par tous les temps) ou les gravelbikers.

Par contre, vu de dessus, les pneus forment un véritable "ballon", ce qui ne sera sans doute pas la panacée à haute vitesse.

Sur la route

Ce Merida Scultura Endurance distille dès les premiers tours de roue un haut niveau de confort. Et ce, malgré une position qui n'est pas réellement typée endurance. En fait, on se situe entre une position confortable dite endurance et la position d'un vélo performance.

Le triangle arrière joue parfaitement son rôle de filtration et même avec les pneus de 32mm durement gonflés à près de 5 bars, le vélo ne secoue pas trop. Même l'avant se montre plutôt filtrant et cela s'apprécie sur longues distances.

Pourtant, le cadre de ce Scultura Endurance ne se montre pas molasson pour autant. Même si on empattement relativement long le rend moins prompt à des démarrages fougueux, il répond bien et même sur de grosses accélérations comme des sprints, on sent que l'on arrive pas au bout de sa rigidité, même si elle est moindre qu'un cadre compétition.

Lorsque la route s'élève, on bénéficie du côté élastique du triangle arrière qui permet de rendre le vélo plus conciliant quand les watts viennent à manquer.

On trouve de toutes façons toujours le braquet idéal grâce à la large plage de développement qui offre un rapport minimal 34x34. En danseuse, seuls les pneus de 32mm donnent une légère sensation de pompage si l'on reste dans la plage de pression recommandée pour cette section (environ 4.5 bars maxi).

En descente, le vélo est très stable grâce à son empattement plus long et ses larges pneus, mais la pression de ces derniers influera sur la précision dans les virages. A près de 5 bars, on perd en confort -mais ce dernier reste de bon niveau - mais on gagne en précision avec des mises sur l'angle plutôt faciles.

Si l'on recherche du confort et que l'on descend vers 4,3 bars, le vélo se montre très stable, même à plus de 60km/h sur revêtement bosselé ou granuleux, mais le vélo sera moins précis et demandera un peu plus d'effort pour la prise d'angle. Mais pour un cycliste qui n'est pas un descendeur de haut niveau, le fait d'avoir plus de stabilité à haute vitesse et d'avoir la sensation de gommer toutes les aspérités de la route lui permettra de descendre en toute confiance.

Si vous affrontez une descente avec des virages doux, le Scultura Endurance se montrera royal. Il n'y a que dans les descentes rapides avec des épingles à prendre très penché que ce vélo se montre un peu moins incisif, mais rien de surprenant avec de gros pneus de 32mm.

Rien à dire du côté du freinage, avec deux disques de 160mm, ça freine très fort et les craintes d'un blocage intempestif de la roue arrière, avec un si gros disque -toutes proportions gardées- s'éloignent vite tant le système Shimano est dosable.

Sur le plat, il se défend bien, mais les pneus de 32mm se montrent gourmands énergétiquement parlant passé 32/35km/h. Il faut dire qu'à cette vitesse, l'aérodynamisme prend une place prépondérante et la surface frontale de ces Continental Grand Prix 4 Season demande à ce que l'on s'emploie un peu plus pour maintenir le rythme. Passer à des 28mm pour ceux qui ne veulent pas emprunter des chemins sera à mon avis salvateur tout en limitant l'effet de pompage en danseuse.

Les jantes basses sont aussi un facteur limitant à haute vitesse, mais elles offrent une bonne absorption verticale.

Bon point, aucun bruit parasite ne se fait entendre, aucune durite ou aucune gaine ne vient vibrer dans les tubes même sur les plus mauvaises routes.

Sans être un gravel, le Scultura Endurance permet d'emprunter des chemins de terre voire caillouteux (castine comme les Strade Bianche) sans aucun problème. Bien sûr, avec des pneus slicks, il faudra le faire plutôt par temps sec, mais la force des Grand Prix 4 Season, c'est aussi dans ce cas leur solidité qui limitera grandement les risques de crevaison.

Bilan

A 4199€, Merida propose un vélo endurance finalement relativement proche d'un vélo plus typé course. Idéal pour les anciens coursiers qui recherchent un vélo plus confortable que le vélo qu'ils utilisaient tant qu'ils étaient coureurs.

Son seul point "faible" reste à mon avis le train roulant, même si le choix rejoint parfaitement la cible visée par Merida.

Si les roues et les pneus sont de bonne qualité et confortables, ils donnent au vélo un comportement pas très réactif. Passer sur des pneus de 26/28mm améliore déjà largement la donne pour peu que vous vous tourniez vers des pneus relativement souples.