Présentation

Grâce à un layup unique de carbone - qui, selon Canyon, a nécessité de demander une autorisation au Ministère de la Défense Japonais pour pouvoir utiliser le carbone le plus haut de gamme - l'EVO affiche des valeurs de poids hors normes, 665 grammes pour le cadre et 270 grammes pour la fourche.

La décoration est minimaliste, pour mieux mettre en valeur l'esthétique du carbone. Certains regretteront ce vélo trop sombre, mais l'absence de peinture permet d'économiser entre 100 et 150 grammes sur la balance et on peut aussi admirer le travail de la fibre sur le vélo.

On trouve tout de même de petites touches "bronze" (une sorte de chrome doré) qui viennent souligner le côté exclusif et luxueux de ce vélo.

Du très très sobre donc. J'ai pesé mon exemplaire en taille M à seulement 6.1kg... avec ses porte-bidons. Une sacrée performance qui permet au vélo de rester sous les 7.4kg une fois équipé de ses pédales et de deux bidons pleins ! A 7499€, c'est une véritable prouesse.

Cet Ultimate est fourni avec le Canyon CP20 Cockpit CF , l'ensemble cintre / potence monobloc carbone spécifique à cette version EVO. Un cintre parfaitement intégré et qui offre une ergonomie très appréciable sur sa partie haute, même pour les petites mains. Les entretoises de réhausse sont elles-aussi parfaitement intégrées.

Seule la durite de frein avant - qui passe devant la douille - et la durite der frein arrière -qui s'insère dans le tube diagonal - sont apparents.

Le serrage de la tige de selle se fait au moyen d'une vis totalement dissimulée au niveau des haubans, pour une ligne parfaitement fluide. On trouve ici une tige de selle spécifique Schmolke TLO UD Carbon, mais ça, je vous en reparle plus bas.

Le poids total admissible (c’est-à dire le cycliste avec ses bagages et le vélo) ne doit pas dépasser 120 kg. Avant de passer à l'essai terrain, faisons le tour des équipements, qui vaut lui aussi le détour.

Equipement

Pour arriver à ce poids record d'à peine 6kg en taille M, il a fallu à Canyon opter pour des équipements légers, mais contrairement à la première version de l'EVO, la marque allemande est ici restée sur des périphériques de grande série. Pas de produits exotiques qui seraient limités en utilisation ou en poids du cycliste.

Le groupe est archi connu, le SRAM Red eTap AXS. Le groupe sans fil ultra léger de la marque américaine avec les fameux développements X-Range et son départ de cassette à 10 dents. Ici, le couple de plateaux est 48/35 associé à une cassette 10x28. Le pédalier est équipé d'un capteur de puissance de série.

Il s'agit bien sûr du groupe HRD avec freins à disques hydrauliques. Canyon a ici choisi un disque de 160mm à l'avant et 140mm à l'arrière.

Les roues sont des DT Swiss PRC 1100 Dicut 25ème anniversaire. Avec ses 1291g, il s’agit de la paire de roues en carbone pour freins à disque la plus légère jamais produite par DT Swiss.

Des jantes de 24 mm de haut équipées de moyeux en carbone avec roulements en céramique, cette paire de roues haute performance est magnifique.

Elles sont équipées du tout nouveau moyeu DT 180 qui bénéficie de la toute dernière technologie Ratchet EXP. La largeur interne est de 18mm est la jante est compatible tubeless ready.

Fabriquée à la main en Europe, elle bénéficie d'un design exclusif signé avec le logo DT Swiss gravé, un luxe rendu possible grâce au procédé de construction par moulage. Ces roues sont vendues près de 3000€ normalement.

Si d'origine, ce vélo est livré avec des pneus Continental Grand Prix TT 25 mm, mon exemplaire était équipé de pneus Schwalbe Pro One TT. Un pneu tubeless ready annoncé à 205g mais monté avec chambre à air.

Pour accueillir votre séant, Canyon a fait un choix radical, la selle Selle Italia C59 qui, comme son nom l'indique, ne pèse que 59g (pesée par mes soins à 61g).

La selle plus légère de tous les temps tire son origine des propriétés du carbone. La coupe Superflow doit offrir un niveau de confort jamais vu sur ce type de selles, associé au style typique des formes SLR. De façon étonnante, le carbone est assez souple, puisque les côtés de la selle peuvent fléchir quand on appuie dessus.

Pour accueillir cette selle, la tige de selle Schmolke TLO UD Carbon, une tige qui ne pèse que 90g et avec un système de fixation de la selle ultra-light, tant et si bien que l'on se pose des questions sur sa solidité. Mais après plusieurs semaines d'essai, ça ne bouge pas et le système est même ultra-pratique pour régler l'inclinaison de sa selle.

Reste que la selle C59 laisse des doutes sur le confort sur les plus longues sorties.

Enfin, le poste de pilotage est connu, tout du moins de façon générale par sa forme. Le Canyon CP20 Cockpit CF spécifiquement réalisé pour cet Ultimate EVO, dont un retrouve une touche cuivrée sur la partie avant du plus bel effet.

Tout comme le cadre, l’Evocockpit CP20 est construit à partir de fibres UHM et UHT avancées pour un équilibre parfait entre ergonomie, efficacité aérodynamique et rigidité. A 270g l'ensemble CP20, difficile de faire mieux. Canyon a réussi à gagner 50 grammes par rapport au CP10.

La partie supérieure est arrondie mais pas trop large pour s'adapter à toutes les mains. Elle offre ainsi une excellente ergonomie quel que soit le cycliste qui l'utilise. Dommage par contre que le support compteur soit en option à 34.95€.

Sur la route

La faible masse du vélo se ressent dès que l'on enfourche le vélo, ou tout au moins, dès que l'on commence à pédaler. Une sensation de légèreté encore plus surprenante quand on se met en danseuse la première fois. L'avant est extrêmement léger et donne une sensation assez bizarre quand on vient d'un autre vélo, comme si la roue avant se dérobait.

Mais au bout de quelques centaines de mètres, on a pris ses repères. Les roues, qui semblent au premier coup d'oeil bien légères, restent imperturbables et au final, nettement plus rigides que ce que leur faible hauteur de jante pourrait laisser penser. Bien sûr, on perd sans doute en inertie à haute vitesse, au-delà de 35km/h, mais sans doute pas grand chose.

C'est surtout dans les bosses que le Canyon Ultimate CF Evo Disc 10.0 LTD se montre le plus étonnant. Et pas seulement grâce à son poids très faible.

Non, c'est un tout qui fait que ce vélo est un régal dès que les pourcentages sont présents sous vos roues. Les roues de 24mm seulement aident bien sûr à chaque coup de pédale, notamment en danseuse, où le vélo accélère sans peine. A peine 1300g la paire et avec une jante très légère, cela aide à chaque accélération.

Le vélo est facile, mais pour autant, le régime drastique auquel il a été confronté n'a pas eu d'impact négatif au niveau de sa rigidité, et c'est sans doute là le véritable tour de force de Canyon, arriver à conserver un vélo suffisamment rigide pour être utilisable facilement, même en puissance.

En descente, l'ancienne génération pouvait se montrer limitée en raison de son freinage, plus "ralentisseur" que véritable freineur puissant. Ici, avec un disque de 160mm à l'avant et 140mm à l'arrière, on peut se lancer de façon sportive dans une descente sans aucune crainte. Les freins sont très puissants et même sur des freinages très appuyés, la fourche ne montre aucun fléchissement.

Par contre, malgré la faible hauteur des roues, il faudra être prudent en cas de vent, l'avant a tendance dans ces conditions à bouger légèrement. Un comportement qui est sans doute à mettre sur le compte de la légèreté de l'ensemble (hormis votre serviteur qui, lui, stabilise plutôt bien l'ensemble :-) ). Mais aucune inquiétude, il n'y a qu'en cas de fort vent qu'il faudra tenir compte de ce paramètre, sinon, le vélo reste parfaitement en ligne, même au-delà de 60km/h.

Les freins sont très silencieux et il est rare qu'ils se fassent entendre, même après de gros freinages. Sur ce point, aucun doute, SRAM maîtrise son sujet.

Côté confort, le vélo filtre plutôt bien dans l'ensemble. Même le cockpit monobloc en carbone semble plutôt bien lisser les aspérités de la route. Les roues basses aident aussi sur ce point.

De même pour les pneumatiques Schwalbe Pro One TT très souples. Une bonne partie de l'essai a été réalisé avec les nouveaux Veloflex Corsa EVO, le confort est encore légèrement augmenté tout en distillant un rendement fabuleux.

L'Ultimate CF EVO conserve donc le dynamisme ET le confort des versions SLX.

La selle C59 se montre relativement confortable au premier abord. Elle est étonnamment flexible et la tige de selle Schmolke TLO fait montre aussi d'une certaine souplesse, quasi identique à celle offerte par un modèle VCLS.

Par contre, sur les sorties de plus de deux heures, on ressent le manque de rembourrage et cela oblige à régulièrement se mettre en danseuse. Dans les bosses, où on appuie plus sur les pédales - et où on soulage le postérieur donc - ça peut passer, mais sur les sorties plus plates où on peut rester assis plus d'une heure de suite, la selle montre ses limites.

J'ai pu tester ce Canyon avec deux autres selles, notamment la Fizik Antares Versus Evo 00 Adaptive avec technologie 3D, le confort de l'ensemble est nettement supérieur à la C59 et on peut sans problème envisager de très longues sorties au-delà de 4 heures.

Alors bien sûr, on prend 100g de plus (160g la selle), mais cela permet de rouler dans un plus grand confort sur de longues durées. Mais peut-être que la C59 conviendra mieux à des coureurs légers....

Bilan

Avec cet Ultimate CF Evo Disc 10.0 LTD, Canyon prouve que ce n'est pas une simple marque "casseuse de prix". Elle possède un véritable bureau de recherche et développement capable de produire des vélos hors normes. Ultra légers, mais toujours largement utilisables. Rigide, dynamique... et qui freine.

Oui, cette version EVO grimpe formidablement bien... mais sait aussi descendre très rapidement et en toute sécurité. Et en cela, je conseillerai plus volontiers ce vélo que le Ultimate CF Evo 10.0 LTD avec freins à patins. Même si ce dernier erst affiché 200€ moins cher et avec près de 200g de moins, il reste fournit avec des freins THM Fibula qui n'apportent pas la puissance et la sérénité nécessaire pour se lancer dans une descente tambour battant.

Tout cela à un tarif de 7499€ avec un groupe électronique SRAM Red eTap AXS. Son seul défaut, c'est sans doute sa selle, certes ultra légère, mais pas des plus confortables sur les longues distances (tout au moins pour mes 74kg)... et son manque de couleurs.

Mais une peinture, c'est facilement 100 à 150g de plus sur un vélo. Quand on recherche la légèreté, autant aller jusqu'au bout !