Bonjour Audrey. Tout d’abord, merci de m’accorder de ton temps durant cette période de confinement Covid-19. D’ailleurs, comment as-tu vécu ce moment ainsi que l’annulation de plusieurs courses en raison de cette épidémie ?

Dans un premier temps j’ai été très déçue de voir les premières courses de la saison s’annuler, je pense que je ne me rendais vraiment pas compte de la situation. Aujourd’hui je sais que c’est un mal pour un bien, nous n’avons pas le choix si l’on veut reprendre la saison bientôt.

Comment vas-tu gérer ce moment de repos forcé ? Coupure puis entretien par Home Trainer ? D’ailleurs, es-tu un adepte de cet outil ou préfères-tu les sorties au grand air ?

L’équipe nous a conseillée de couper une petite semaine, mais j’avoue que j’étais trop sur les nerfs pour ça. J’avais besoin de me dépenser, et j’ai découvert ZWIFT. Je ne connaissais pas du tout, et j’ai vite pris le pli, c’est vraiment un outil sympa et qui nous aide en ce moment à faire passe le temps plus vite.

Je t’avais interviewé en 2015 alors que tu faisais partie de l’équipe Wiggle Honda. Qu’est-ce qui a changé depuis ton arrivée au sein de la structure Trek-Segafredo Women ?

Tout a changé, je suis enfin devenue professionnelle. Je fais enfin du vélo à 100% et c’est ce que je désirais. Je suis rentrée dans une structure qui me considère en tant que professionnelle et qui me donne les moyens de réussir. C’est vraiment le modèle d’équipe qui me faisait rêver et que je souhaite pour l’avenir du cyclisme féminin.

A l’époque, tu ne vivais absolument pas du cyclisme. Est-ce le cas désormais ? Qu’est-ce que cela a changé au niveau de tes entraînements, récupération ?

Oui aujourd’hui je vis du cyclisme, je me consacre à 200%, je n’ai pas à jongler avec un autre employeur comme ça l’était avant. J’ai eu beaucoup de chance de bénéficier d’un contrat qui m’a aidé à passer le cap mais je sentais qu’il était temps pour moi de saisir ma chance et de devenir cycliste professionnelle. Je me sens psychologiquement plus détendue, plus libre dans ma tête et ça impacte évidemment mes performances.

Quels braquets utilises-tu sur les étapes de montagne ?

En règle générale je ne joue pas les premiers rôles sur les étapes de montagne, donc j’opte pour un braquet « light » histoire de passer la journée plus tranquillement : 37/33 est l’option la plus adaptée pour moi.

Tu fais partie de l’équipe Trek-Segafredo depuis 2019. Es-tu en relation avec la marque Trek dans le cadre du développement de nouveaux vélos ?

Oui évidemment c’est une condition sine qua none pour faire partie de l’équipe, ils comptent vraiment sur nous pour faire avancer la marque et ses accessoires.

Tu t’impliques beaucoup dans le développement du cyclisme féminin. The Cyclist’s Alliance, Association Française des Coureures Cyclistes. Si des progrès ont été faits ces dernières années, que de chemin à parcourir ? On parle d’un Tour de France Féminin, bonne nouvelle ?

Oui je me sens investie d’une petite mission en tant qu’athlète, faire avancer ma discipline c’est quelque chose qui me tient à cœur. Il reste beaucoup de travail c’est vrai mais j’y crois et en 10 ans j’ai vu des progrès énormes. Un Tour féminin évidemment c’est une très bonne nouvelle mais il ne faut pas se tromper d’objectif ! Ce tour c’est une bonne chose pour le développement et la pérennité du cyclisme féminin, je ne le vois pas comme un dû ! Non je le vois comme un tremplin pour que nous puissions toutes enfin vivre du cyclisme grâce à la médiatisation qu’un Tour de France peut apporter.

Tu as le choix entre le Trek Emonda et le Trek Madone en fonction des profils. Mais as-tu une petite préférence pour l’un des deux en termes de comportement ou dynamisme ?

Je n’ai vraiment pas de préférence, ce sont deux excellents vélos dans leur domaine. J’ai opté pour le Emonda en premier vélo cette année car mes objectifs principaux étant plutôt accidentés le Emonda est plus adapté à des profils montagneux car plus léger. En revanche oui sur des parcours plus plats ou des classiques Flandriennes le Madone est incontestable.

Te tiens-tu au courant des dernières nouveautés dans le domaine du matériel et / ou test matériel ? Si oui, par quel biais ? Magazines, internet, autre ?

J’avoue m’intéresser surtout aux équipements qu’utilisent mes adversaires, pour connaître les avantages ou désavantages que je peux avoir sur elles en termes de matériel. Je m’informe sur les articles Twitter que je peux trouver, j’achète souvent les magazines Le Cycle ou encore Vélo Magazine.

Lors de tes entraînements tu es plutôt pneus, boyaux ou tubeless ? Pour quelles raisons ? Quelles pressions utilises-tu en général ?

A l’entrainement je roule exclusivement en pneus Pirelli, pour une raison de praticité et à mon sens de fiabilité également. J’avoue ne pas être un bon exemple pour la pression à l’entrainement je fais ça au feeling et j’avoue être souvent sous-gonflée. Entrainement difficile, guerre facile.

On voit depuis quelques années certains coureurs utiliser du tubeless sur les chronos. Avez-vous déjà fait des essais en ce sens chez Trek pour évaluer les gains ?

En effet des tests ont été faits sur piste et chez Vittoria notre partenaire en 2019 le tubeless était plus performant en section de 25. Personnellement j’ai apprécié l’efficacité mais aussi la sécurité en matière de pilotage, ça tient vraiment la route.

Les freins à disques ont longtemps été un sujet « bouillant » chez les pros il y a quelques années et ils semblent être désormais totalement adoptés. De ton côté, es-tu content de cette technologie ? Avais-tu des « freins » à son utilisation ?

Je suis 100% convaincue, les freins à disques offrent plus de sécurité, un pilotage plus fluide et rapide. Pour moi le souci était le manque d’expérience avec les disques, depuis chaque coureure est au point sur la prise en mains et ça ne pose plus de soucis. Là où se posent les soucis aujourd’hui c’est au niveau amateur où il y a un mélange entre freins à patins et à disques plus dense et la maîtrise moins assurée.

Une semaine d’entraînement type pour toi, ça ressemble à quoi ? Plutôt du matin ou l’après-midi ? Entraînement seul ou avec d’autres coureurs ?

J’ai la chance d’avoir un groupe d’amis avec qui je roule très souvent lors de mes sorties d’endurance, mais lorsque j’ai du spécifique à faire je préfère être seule ou alors ils restent dans ma roue !!! Je pars souvent en fin de matinée et j’essaie de m’adapter aux horaires de mes collègues de « roulage » comme j’aime à dire.

Tu es suivi par un entraîneur personnel ou une personne de chez Trek ?

Jusqu’à l’an passé, j’étais suivie par mon entraineur perso, l’équipe n’avait pas les ressources nécessaires pour tout le monde mais cette année je suis suivie par un entraineur Italien qui est arrivé aux côtés de Vincenzo Nibali. C’est un vrai challenge car il ne parle pas Anglais, j’ai dû me mettre plus sérieusement à l’Italien.

Combien de galettes – saucisses manges-tu par semaine ?

Les galettes saucisses c’est seulement sur le bord des circuits ! Moi je suis plutôt galettes complètes (œuf/jambon/fromage) et c’est au minimum 1 fois par semaine.

Tu es très présente sur les réseaux sociaux, notamment Twitter. Quelle utilisation principale en fais-tu ? Te tenir informer ? Echanger avec des fans ? Autre ?

Je trouve que les RS sont de supers vecteurs des valeurs que je défends, j’aime partager mon amour du vélo et des gens. Je suis assez sociable en général donc j’aime échanger avec mes fans (ou non !), m’informer sur les sites spécialisés sérieux et partager mon quotidien de sportive.

Comment envisages-tu les prochaines semaines d’entraînement ? Est-ce que l’absence d’objectifs « sûrs », avec l’incertitude sur les prochaines courses, complique la tâche ?

Oui c’est très compliqué, on a vite fait le tour des options, des routines de PPG ou des rides sur HT, j’ai envie qu’on me dise : Ok Audrey tu reprends sur telle ou telle course, il faut que tu sois prête pour cette date…Mais aujourd’hui il ne se passe rien on nous rallonge notre temps de confinement et on ne sait pas vraiment quand tout cela va s’arrêter.

Crédits photos : Trek-Segafredo

Merci à Audrey Cordon-Ragot que vous pouvez retrouver sur sa page Facebook mais aussi sur Twitter et Instagram.