Une régie publicitaire absente

Le but de cette régie publicitaire était de me décharger du pesant boulot de démarchage publicitaire auprès des marques. Car oui, comme pour tous les autres médias, il faut de la publicité pour que Matos Vélo puisse vivre et donc, que moi aussi je puisse en tirer des revenus.

Cette régie publicitaire, qui gère la publicité d'un grand magazine papier, m'avait promis des revenus en large hausse par rapport à ce que je pouvais faire seul, grâce à leur réseau et leur force commerciale. Et ça m'arrangeait de ne plus avoir à gérer cela. Je suis plus à l'aise pour tester du matériel et écrire que pour être commercial.

A la base, ce magazine papier voulait me racheter, mais je n'étais pas d'accord, alors ils m'ont proposé de gérer les publicités.

Sauf qu'au bout de 4 mois, une seule campagne publicitaire vendue... pour un montant de 160€ ! Surpris, j'envoie plusieurs mails qui restent sans réponse. Entre temps, j'ai des contacts avec des marques qui m'indiquent avoir été démarchées par ledit magazine papier, mais que Matos Vélo n'a pas du tout été mis en avant. Pire, quelques marques reviennent vers moi, me demandant pourquoi cette régie annonce seulement 30000 visiteurs par mois pour mon site !!

En réalité, je tourne à 210000 visiteurs mensuels (7x plus que ce qui est annoncé par la régie). Bref, pas de réponses à mes mails (il aura fallu que j'envoie un SMS pour avoir une réponse), pas de mise en avant du site et des chiffres mensongers, pour moi, la conclusion est claire, il fallait arrêter les frais.

Heureusement, j'ai pu casser le contrat étant donné qu'ils ont mis plus de 4 mois à me régler la somme faramineuse de 160€.

Autant vous dire qu'avec des rentrées publicitaires réduites à peau de chagrin, j'ai un temps pensé à trouver un boulot alimentaire si la situation perdurait trop longtemps... mais j'avais une perspective de rachat intéressante en cours.

Une proposition de rachat... et puis j'ai dit non

Par le passé, j'ai déjà eu plusieurs offres de rachat, plus ou moins sérieuses, mais je les ai toutes déclinées assez rapidement jusqu'à présent, préférant conserver mon indépendance.

Indépendance et surtout absence de volonté commerciale ne rimant pas toujours avec tranquillité financière, j'ai cette année longuement été en négociation avec un groupe de presse, bien que Matos Vélo n'était pas, au premier abord, à vendre. Cela a commencé au mois de mai 2018.

La proposition était plutôt intéressante et j'ai rencontré à plusieurs reprises les actionnaires de ce groupe de presse. Qui eût pensé quand j'ai démarré ce blog il y a un peu plus de 7 ans que l'on me proposerai un jour de le racheter ? Même pour moi, c'était loin d'être une évidence et il fallait à tout prix que la confiance soit de mise.

J'ai pendant longtemps pesé le POUR et le CONTRE. Lâcher une entreprise que l'on a créée n'est au final pas si facile que ça.

Pour être précis, de mai jusqu'à mi septembre, j'avais donc une proposition de rachat du site ainsi qu'une proposition d'embauche comme journaliste (qui en plus m'aurait permis d'obtenir la carte de presse) pour continuer à gérer le site et même à le développer.

Un choix difficile mais j'ai finalement décliné cette offre, qui pourtant m'offrait une certaine tranquillité financière.

Si le montant du rachat du site était honnête (quelques années de salaire), le salaire qui m'était proposé me semblait en deçà de la réalité du marché, ce qui me fut confirmé par plusieurs journalistes. Le salaire proposé était à peine supérieur à mon salaire actuel en tant qu'indépendant et surtout, 20% en-dessous de bon nombre de journalistes débutants.

Or, avec l'expérience Matos Vélo, je ne me considère plus comme débutant et puis je gère aussi les prises de vues photo lors des salons ou courses, les réseaux sociaux, ... ce que ne font pas nombre de journalistes traditionnels. Mais j'avais tout de même espoir d'aboutir à une revalorisation du salaire, d'autant que le groupe de presse était pressé, voulant signer avant le Roc d'Azur et n'était intéressé que par moi, même s'ils avaient reçu en entretien un concurrent.

Et quelques jours avant d'aboutir, patatra, l'un des actionnaires m'appelle et me dit qu'il ne me propose plus la somme évoquée pour le rachat depuis des semaines, mais 20% de moins car il espérait que mon site avait le double de trafic (entre temps, ils ont eu mes stats Google Analytics, mais je n'avais jamais caché les vrais chiffres, j'en avais même fait un article quelques semaines avant).

Il me précise qu'il n'en a pas parlé à l'autre actionnaire avec qui je négocie depuis le début. Là, tout s'est écroulé, la confiance était rompue pour plusieurs raisons :

  • d'une, on ne revient pas sur une négociation sur laquelle on était OK depuis plusieurs semaines
  • quid dans ce cas de toutes les promesses de développement de Matos Vélo et des moyens mis à disposition ?
  • je ne me voyais pas être salarié dans une entreprise où les actionnaires ne sont pas sur la même longueur d'ondes

En quelques heures, la décision était prise d'arrêter là, de rester indépendant, même si accepter leur proposition aurait sans doute été plus tranquille financièrement. Mais mon indépendance va bien au-delà de l'argent (même si j'en ai besoin, comme vous toutes et tous) et lâcher Matos Vélo ne pourrait se faire qu'à conditions d'avoir de la sérénité au niveau boulot.... sauf bien sûr à ce que l'on me propose une somme suffisamment élevée pour pouvoir arrêter de travailler totalement :-)  Mais ne rêvons pas, Matos Vélo ne vaut pas des millions !

Et maintenant ?

J'ai donc repris mon fonctionnement habituel d'entrepreneur solitaire, qui me va plutôt bien. Je ne dis pas que je n'accepterai pas une future proposition de rachat, mais pas à n'importe quel prix (tant financièrement qu'au niveau des conditions de travail).

J'étudie la possibilité de développer Matos Vélo avec d'autres personnes pour élargir la thématique. J'ai balayé l'option abonnement pour accéder au site pour le moment. J'avais lancé un financement par Tipee, mais ce ne fut pas couronné de succès avec seulement 3 tipeurs pour 14€ par mois. Je me dis que si les abonnements ont autant de succès, ça va être compliqué !

La vie de chef d'entreprise n'est pas un long fleuve tranquille, mais c'est aussi ça qui fait l'intérêt de cette aventure.