Malgré un design des poignées plutôt différent de la concurrence, la prise en main se fait sans trop de difficultés.

Le plus délicat est de se faire à la descente du grand vers le petit plateau. Si on n'appuie qu'une fois sur le levier, la fourchette ne fait pas passer du grand au petit plateau, mais reste en position intermédiaire permettant d'utiliser les plus grands pignons avec le grand plateau sans que ça frotte.

Il faut en fait faire deux appuis courts sur le levier pour repasser sur le petit plateau. A vrai dire, c'est assez déroutant et il faudra sans doute quelques sorties pour s'y faire. Mais sur cette simple sortie de une heure, j'ai parfois eu du mal à repasser sur le petit plateau, il a fallu que je m'y reprenne à plusieurs fois, car si on pousse trop le levier, même deux fois, ça ne fonctionne pas. Et c'était aussi le cas pour les confrères roulant avec moi.

La descente des pignons s'effectue sans souci. Au niveau du "toucher", on est bien plus proche d'un groupe mécanique que d'un groupe électronique. C'est franc, voire même plus rude que du Campagnolo mécanique.

Après en avoir discuté avec Pablo Ortega, Technical Service Manager chez Rotor, il s'agit d'une volonté suite aux retours des coureurs pros du team Dimension Data for Qhubeka qui ont testé ce groupe début 2016 (voir cet article). Ces derniers voulaient réellement un ressenti très net dans le changement des vitesses. En compétition, quand ils sont proches d'un effort maximal, ils apprécient d'avoir ce retour d'information et cette sécurité qui évite tout passage intempestif des vitesses.

La remontée des vitesses, que ce soit au niveau du dérailleur arrière ou avant, nécessite une grande amplitude du levier et pas mal de force en revanche. Surtout si vous voulez remonter plusieurs pignons d'un coup. Il faudra donc de longs doigts ou tourner légèrement la main pour arriver à avoir un geste assez ample.

Les petites mains seront moins à l'aise pour les changements de vitesses, notamment les femmes.

En revanche, la réactivité du changement de vitesses est identique à un groupe mécanique. Il n'y a pas ce petit temps de latence des groupes électroniques qui, même s'il est très faible, peut gêner.

La précision est enfin bien présente. Aucun bruit parasite à constater sur toute la plage de la cassette ni au niveau des plateaux. Rotor promet que cette précision dure des années tant qu'il n'y a pas de chute. En effet, pas d'allongement de câble ou autre.

Voir la sortie sur Strava

Bilan mitigé

Ce groupe Rotor Uno est une superbe réalisation, tant sur le plan de l'usinage, qui permet d'arriver à un poids vraiment bas, que sur le plan de son fonctionnement hydraulique. Rotor a eu le courage de se lancer sur une voie délaissée par tous les autres.

En revanche, je suis un peu plus mitigé côté fonctionnement sur le vélo. Si la descente des pignons est simple, la remontée demande trop de poigne. Ce qui peut convenir aux coursiers pourrait dérouter nombre de cyclistes.

Quant au fonctionnement du dérailleur avant, il est à appréhender sur plusieurs sorties. Si la montée ne pose pas trop de souci hormis la force demandée, la descente nécessite de s'habituer avec ce "double clic" nécessaire pour passer du grand au petit pignon.

A 2499€ le groupe sans pédalier, ce Uno risque d'avoir du mal à trouver son public. Mais pour qui veut rouler différent et ultra-léger, c'est sans doute un groupe à essayer.