Eurobike-2014-269.jpgLes syndicats redoutent que le "Made in Italy" deviennent rapidement du "Made in Romania", faisant perdre à Campagnolo une partie de son image.

L'usine de Vicenza semble être de moins en moins compétitive et Campagnolo ne peut plus compter seulement sur sa seule réputation et les produits haut de gamme.

Une décision sans doute difficile à prendre pour l'entreprise créée par Tullio Campagnolo en 1933 qui est encore très familiale.

Le plan de restructuration prévoit de concentrer la recherche et le développement des nouveaux produits à Vicenza, mais de délocaliser la production. Même si le communiqué de presse ne fait aucune référence à la Roumanie, il y a fort à parier que la marque réalise à moyen terme la majeure partie de sa production dans ce pays où elle possède déjà deux usines qui emploient environ 400 personnes à elles deux.

Les coûts de main d'oeuvre y sont 3,5 fois moins élevés qu'en Italie et à peu près équivalents aux coûts salariaux de Taïwan. Ce qui permettrait donc à Campagnolo de jouer à armes égales avec Shimano par exemple.

Une production qui resterait donc dans l'Union Européenne. Campagnolo ne souhaite pas externaliser sa production dans les pays asiatiques, notamment pour des raisons de protection de la propriété intectuelle. En effet, la propriété intellectuelle est nettement plus facile à faire respecter au sein de l'UE qu'en Asie où les contrefaçons et copies sont presque un sport national.

Criterium-Dauphine-2014-212.jpgBien entendu, les syndicats ne sont pas du tout d'accord avec la décision de leur entreprise. Pour eux, Campagnolo ferait mieux de moderniser l'outil de travail italien de Vicenza afin d'améliorer la productivité (et donc diminuer les coût de fabrication) en continuant à s'appuyer sur sa différence, à savoir son "Made in Italy", qui distingue Campagnolo des autres marques. Une production en Italie qui, à n'en pas douter, fait encore rêver de nombreux cyclistes et pèse au moment de l'achat. De plus, les comptes de l'entreprise sont positifs.

C'est principalement SRAM qui a fait du mal à Campagnolo. A l'époque où seul Shimano était présent en face de la marque italienne, les parts de marché étaient à peu près égales.

Mais SRAM est venu tout bousculer en devenant très rapidement un acteur majeur sur la route et en s'imposant notamment sur le marché de la première monte d'où Campagnolo a quasiment été évincé. Difficile aujourd'hui de trouver des vélos complets montés en Campagnolo.

Idem chez les professionnels, où seules 3 équipes World Tour seront en Campagnolo en 2015, contre 13 en Shimano et 1 en SRAM. Il n'y a pas si longtemps, Campagnolo était dominant chez les professionnels. Mais peut-être s'agit-il là d'un moyen de limiter les coûts de sponsoring afin de rester concurrenciel. Mais cela joue tout de même sur l'image.

De 1968 à 1998, Campagnolo a remporté par moins de 25 Tours de France, avec des coureurs emblématiques comme Merckx, Hinault ou Indurain. Mais sur les 16 dernières éditions, seules 2 victoires reviennent à un coureur équipé en Campagnolo. Une victoire sur la plus grande course du monde qu'est le Tour de France, c'est aussi un bon moyen de communiquer et d'apporter de la visibilité à sa marque.

Beaucoup reprochent ces dernières années le manque d'innovation du côté de Campagnolo. La marque a semble-t-il loupé le coche du groupe électronique, qui était assez peu utilisé chez les professionnels. Même loupé semble-t-il du côté des freins à disques, que Shimano et SRAM proposent déjà. Même si ce n'est pas utilisé (pour l'instant) chez les professionnels, ne pas être présent sur ce marché pose des questions. Campagnolo devrait proposer sa solution de freins à disques cette année, mais cela en fera un suiveur, alors que la marque est restée durant des décennies leader dans l'innovation !

En espérant que Campagnolo puisse sortir de cette mauvaise passe et renoue avec l'innovation qui a fait de cette marque une incontournable dans le paysage cycliste.