1. Bonjour Norbert. Quelle est votre fonction au sein d'Hutchinson et depuis combien de temps faites-vous ce métier ?
Je suis le responsable développement des pneumatiques pour la marque et je fais ce métier depuis maintenant 35 ans.

2. Un partenariat avec une équipe professionnelle comme Europcar vous permet-elle aussi de faire évoluer les produits en plus de vous apporter de la visibilité ?
C'est indéniable. Nous avons des testeurs en interne, mais les coureurs professionnels, qui roulent en boyaux, nous permettent de pousser les produits dans leurs retranchements.
C'est par exemple avec des coureurs de la Saeco qui nous avons notamment développé le Tubeless pendant des reconnaissances du Tour de France, en collaboration avec Mavic.

3. J'ai vu sur le Critérium du Dauphiné des boyaux Hutchinson à flancs beiges. S'agit-il de prototypes ou de boyaux d'une autre marque avec chape Hutchinson ?
Non, ce sont simplement des boyaux Hutchinson plus légers que ceux commercialisés. Un ou deux coureurs nous font parfois cette demande pour des courses particulières.

4. Les pros ont-ils les mêmes boyaux que ceux que l'on trouve dans le commerce ?
Oui, ce sont les mêmes produits. La plupart des coureurs Europcar roulent avec les Pro Tour, des boyaux faits à la main et qui sont vendus 300€ la paire.
Certains préfèrent utiliser le Carbon Comp pour les chronos.

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5. La règle des 10% par kilo pour la pression de gonflage est-elle juste ou a-t-elle ses limites, pour les poids extrêmes par exemple ?
Oui, cette méthode est juste, en tous cas, elle donne un ordre de grandeur. Mais il faut avant tout que chaque coureur fasse ses propres essais et cherche la bonne pression en fonction de ses sensations.
Dans tous les cas, il est tout à fait inutile sur route d'atteindre des pressions de 9 bars et plus, car dans ce cas, le pneu décroche plus vite et a tendance à sauter sur la route, ce qui engendre une perte de rendement.

Plus un pneu/boyau est gonflé, meilleures sont les sensations, mais moins bon est le chrono. Nous l'avons souvent constaté au cours de nombreux tests.

6. Vous possédez vos propres bancs d'essai pour la mesure du rendement. Avez-vous constaté un meilleur rendement en 25mm plutôt qu'en 23mm ? Est-ce la même chose pour les boyaux ?
Oui, quelques soient les marques et les modèles, toutes les sections de 25mm offrent de meilleurs rendements que les 23mm. C'est la même chose pour les boyaux.
D'ailleurs, Top Vélo était venu faire un comparatif dans ce sens sur nos bancs et est arrivé aux mêmes résultats.

7. Le 28mm est-il vraiment plus gourmand que les 23 et 25mm ?
Oui. On atteint une sorte d'optimum avec 25mm. Au-delà, le confort s'améliore, mais le rendement se dégrade. Des pneus comme le Sector 28 sont plutôt prévus pour des routes pavés ou sous la pluie.

8. Vos bancs de test sont-ils capables de mesurer al consommation en watts ?
Oui, cela est possible, mais beaucoup moins fiable au final que la distance parcourue qui offre une donnée plus intéressante pour un comparatif.
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9. J'avais entendu dire que les pneus de couleur avaient des propriétés d'adhérence légèrement moindres que les pneus noirs. Est-ce vrai ?
Oui. Pour la simple et bonne raison que le noir de carbone doit-être remplacé par de la silice pour permettre des pneus colorés. La silice a de moins bonnes propriétés d'adhérence.
Mais les différences restent néanmoins minimes et la plupart des cyclistes ne sauront pas déceler de différences.

10. Y a-t-il un intérêt à faire sécher un pneumatique moderne ? Idem pour les boyaux, comme vos modèles Pro Tour ?
Pour les pneumatiques, il n'y a aucun intérêt. Le processus de vulcanisation offre au pneu ses meilleures performances dès qu'il sort de l'usine. Au contraire, stocker un pneu dans de mauvaises conditions pourrait le dégrader à cause des UV et de l'ozone.
Pour les boyaux, seuls les modèles collés mains s'améliorent avec le temps. Le séchage a surtout vocation à faire s'évaporer l'humidité qui existe dans les colles.

11. Vous êtes précurseur sur le tubeless route. A-t-il vocation à remplacer un jour le pneumatique ou simplement une alternative de plus aux boyaux et pneus ?
Le tubeless a vocation à remplacer le pneumatique, mais aussi à réduire le segment boyaux. Aujourd'hui, seuls les coursiers et coureurs pros roulent encore en boyaux.
Mais il faudra du temps. Comme quand on est passé des pneus à chambres aux pneus tubeless sur les voitures. Ça a pris des années avant que les gens n'acceptent de rouler avec des pneus démunis de chambres à air.

12. Vous n'avez pas de pneumatiques route spécifique pour la pluie ?
Non. Des pneumatiques comme le Fusion 3 sont pour le moment suffisants pour rouler sous la pluie. Les marques qui proposent des pneus pluie l'ont souvent fait en raison de lacunes de leurs autres pneus en conditions humides.