1. Quelle est ta relation vis-à-vis de ton vélo ? Simple outil de travail ou passionné de technique ?
Mon vélo est mon outil de travail, je le respecte ! Je suis passionné de technique et mécanique, je suis a la recherche de la performance ! Mais lorsqu’on est professionnel, les contrats de l’équipe avec les marques nous obligent à n’utiliser qu’eux à 100%. Donc je ne peux pas utiliser en course les matériaux qui seront les plus performants pour moi ! Car aussi chaque personne a sa vision et sa perception de son matériel idéal !

2. Comprends-tu qu’un cycliste amateur puisse être choqué lorsqu’il voit un coureur pro jeter son vélo au sol en cas d’incident mécanique associé à l’enjeu de la course ?
Lors d’un effort, on a quelques fois des réactions inhabituelles. Donc, il peut arriver à tous cyclistes de faire un geste qu’il regrettera plus tard. Mais il faut respecter le matériel et le prix que ça coûte !

3. Par quel biais t’informes-tu sur les nouveautés ? Magazines, internet, autre ?
Surtout Internet. Avant j’aimais les magazines mais maintenant, il y en a trop et ils disent tous les mêmes choses ! Les magazines de triathlon sont plus sympas pour le matériel !

4. Te souviens-tu de ton premier vélo ?
Oui, un vélo de course violet avec les vitesses au cadre. J’ai commencé la compétition à 4 ans en pré-licencié a l’US Thierville, c’était marrant et les photos qu’il me reste me font délirer !

5. As-tu déjà testé des tubeless et si oui, ton avis par rapport aux pneus et boyaux ?
Nous avions jusqu’à cette année Hutchinson en pneumatique ! Ils sont performants en tubeless. Mais je préfère rouler à l’entrainement en rajoutant une chambre a air ! Et en course les boyaux en 25 de section sont top.

6. Lors de tes entraînements tu es plutôt pneus, boyaux ou tubeless ? Pour quelles raisons ? Quelles pressions utilises-tu en général ?
Pneus gonflés a 8 bars ! J’aime aussi les pneus increvables, car je déteste crever et ces pneus me donnent des sensations plus mauvaises qu’en course et ça me plait.

7. Quel a été ton plus gros braquet utilisé en CLM ? Et le plus petit braquet utilisé en course (sur quelle course ?) ?
Le plus gros a été sur le dernier chrono du Tour de France 2012, avec un 56X11. et le plus petit a été 39X27 lors d’étapes de montagne.

8. Durant toute l’année, un ou plusieurs mécaniciens s’occupent de ton vélo pour les courses. Mais qu’en est-il pour ton vélo d’entraînement ? Entretien par toi-même ou tu passes par un vélociste près de chez toi ? Le changes-tu chaque année ?
C’est vrai qu’en course c’est le top, car les mécaniciens font du très bon boulot. Mais lorsque je rentre a la maison, je m’occupe moi-même de mon vélo et je peux dire qu’il est propre, je déteste partir a l’entrainement avec un vélo sale.

9. Quelle relation entretiens-tu avec les mécaniciens ? Sont-ils force de proposition, notamment pour les braquets à utiliser en course ou est-ce toi qui décides ?
Je demande quelques fois conseil soit aux mécaniciens soit à d’autres coureurs. Mais souvent je décide du braquet. J’entretiens une bonne relation avec les mécaniciens. Il y en a même certains que je respecte beaucoup, que j’appelle hors compétition. Ils sont à notre écoute et c’est important. Personnellement, je leur demande beaucoup alors je leur dit merci de réaliser mes souhaits, des fois ils m’appellent le « casse couille », j’espère que c’est pour rire lol.

10. Ta position a-t-elle beaucoup évolué depuis ton passage chez les pros ? Ta position change-t-elle en cours de saison en fonction des courses (hauteur et recul de selle notamment) ou du nouveau matériel ?
C’est un réel problème que j’ai, je change trop souvent de position. Alors qu’il ne faudrait pas !

11. Es-tu sensible au poids de ton vélo ou est-ce plutôt le confort et la réactivité qui sont recherché ?
Nous sommes obligés de rouler avec le vélo de l’équipe. Lapierre essaie de faire des progrès pour être un des plus performant. Nous avons la chance d’avoir des partenaires qui nous soutiennent, mais comparé aux cyclotouristes nous ne pouvons pas choisir ce qu’il y a de plus léger et réactif. De mon côté, j’aime la réactivité avant tout. Pour ma part, Lapierre me rajoute une couche de carbone sur le cadre pour qu’il soit encore plus rigide.

12. Es-tu impliqué avec tes sponsors dans le développement du matériel ? Si oui, comment ? Ta formation d’ingénieur t’aide-t-elle dans ces développements ?
Nous travaillons en soufflerie, pour développer le matériel et notre position. Lapierre et Shimano sont à l’écoute de nos propositions.

13. Malgré le sponsoring, as-tu une certaine latitude sur le choix de certains périphériques comme les pédales, la selle, … ?
Nous sommes libre pour les chaussures et les lunettes. Pour de reste, ce sont les partenariats de l’équipe.

14. Depuis cet été, on parle beaucoup des plateaux ovales. Quel est ton avis sur le sujet ?
Je ne demande qu’a en tester !

15. Du côté du cintre, tu es plutôt forme anatomique, ronde ?
Compact.

16. Côté roues, as-tu perçu une augmentation des chutes depuis l’avènement des roues carbone ?
Je n’ai connu que les roues carbones en courses depuis que je suis pro.

17. On parle beaucoup de l’apparition des freins à disques sur les vélos de route. De nombreuses marques ont présenté au moins un modèle route équipé de cette technologie lors de l’Eurobike. Ton avis sur ce système ? Utile ou pas sur la route ?
Je pense que les freins que l’on a en ce moment ne sont pas a changer. Le disque sera trop sec au freinage, il faut garder un peu de souplesse. Mais bon a essayer aussi !

18. Côté textile, que conseilles-tu pour de longues sorties aux cyclistes ? Utilises-tu de la crème appliqué sur la « peau » ? Car de nombreux cyclistes souffrent parfois du fessier après une très longue sortie….comment gérez-vous cela sur un grand tour ?
J’utilise la crème pour peaux de chamois de chez ozone. Avec cette crème, je n'ai plus trop de boutons. Quand je n’en mets pas ils apparaissent. Mais le soir de grande course ou de grand tour, il peut arriver que la peau s’abime ! Mais bon c’est le vélo aussi, c’est bien connu pour le mal de fesse !!! lol

19. Pour l’hiver, comment t’habilles-tu pour les journées les plus froides ? Multiplication des couches ?
Un sous maillot fin court, un sous maillot épais long et une veste thermique. Le corps ça va, mais souvent, ce sont plus les extrémités qui sont difficiles à chauffer, les pieds les mains. Chacun a sa sensibilité, chanceux sont ceux qui résistent au froid.

20. Ton avis sur les textiles de compression pour la récupération ? Adepte ou non ?
Les bas de contention, j’approuve à 100%, même ceux pour faire du sport. Mais dans le cyclisme c’est interdit en course.

21. Quel est ton kilométrage annuel moyen ?
30000 kms.

22. Depuis plusieurs années, l’équipe FDJ travaille avec Fred Grappe et vous travaillez notamment avec des capteurs de puissance. Ces derniers ont-ils réellement modifié ta façon de t’entraîner ?
Oui le SRM m’aide beaucoup, surtout pour travailler dans des zones précises d’intensité. Je l’utilise aussi pour la gestion de l’effort en Contre la montre.

23. Une semaine d’entraînement type pour toi, ça ressemble à quoi ? Plutôt du matin ou l’après-midi ?
Je pars souvent vers 10h. Parfois il m’arrive de faire du biquotidien. Une bonne semaine, c’est minimum 20h pour que je sente que j’ai fait du bon boulot !

24. Pour donner un ordre de grandeur aux cyclosportifs, comment se passe une sortie hivernale en foncier ? Durée, vitesse moyenne, fréquence cardiaque ?
L’hiver, Je commence par des sorties de 2h pour augmenter d’une heure toutes les semaines environ. Novembre, décembre et janvier, je fais aussi de la natation et de la course à pied. La vitesse, c’est du 29/30km/h quand je suis seul, mais je suis souvent seul, je n’aime pas trop rouler en groupe. La fréquence cardiaque c’est environ 120 puls de moyenne, mais je me fis plus aux watts avec le SRM qu’aux pulsations.

25. Enfin, côté alimentation, qu’apportes-tu avec toi pour tes sorties d’entraînement ?
Des barres de céréales tout simplement. Une toutes les heures lorsque la sortie fait plus de 3H !

Merci à Anthony Roux qui a bien voulu prendre le temps pour répondre aux questions et je lui souhaite une excellente saison 2013.

Et voici une photo d'Anthony prise par mes soins (comme celle qui accompagne le début de cette interview) lors du Tour de France 2012, dans la descente du col du Tourmalet.

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