Le 22 avril, je postais ceci sur X (l'article Linkedin en question se trouve ici) :

Avec à la suite, quelques explications :

Trop d'avions, trop de correspondances, pour parfois rouler 60 km sur un vélo. Autant, quand c'est pour visiter des outils de travail (usines, ....), ça se discute, mais des fois, le voyage n'amène pas grand chose hormis être dans de chouettes coins....

Mais est-ce une plus-value pour les lecteurs ? Quand le trajet se fait en train, c'est nettement moins problématique pour moi. En avion, c'est correspondances multiples. Mon dernier voyage, Venise... via Munich. Reste à savoir si les marques verront cela d'un bon oeil.

Car ce n'est pas elles qui sont visées par ces refus d'invitations, mais bien ces déplacements à outrance qui sont hyper sympas, permettent de rencontrer les confrères, des ingénieurs, mais n'amènent pas toujours un réel plus quant à l'expérience présentation et test d'un vélo.

Et ce que je peux me permettre aujourd'hui où je suis "leader" en France en termes de trafic, pas dit que je puisse le faire le jour où je ne suis plus dans cette position assez favorable....

Des présentations presse qui ont des avantages

Rencontrer des techniciens, des ingénieurs, des managers de région Europe, se faire connaître des marques (même si, en général, quand on est invité, c'est que l'on est déjà connu), tisser aussi des relations avec des confrères, qu'ils soient français ou étrangers.....

Les présentations presse (Press Camp pour les intimes) sont un moment plaisant, au contact des représentants des marques, des ingénieurs et des confrères que l'on ne voit souvent qu'à ces occasions. Et lors des repas que l'on fait ensemble, on discute de choses et d'autres et on apprend toujours des choses sur le monde du vélo, que l'on ne peut parfois pas publier, mais qui sont utiles pour notre culture générale et connaître les tenants et aboutissants de certaines décisions.

On peut aussi rouler sur des routes différentes de celles sur lesquelles on roule habituellement, sans avoir à s'occuper de la mécanique (pas de vélo à monter, régler) ni de toute la logistique qu'il y a autour. Et on bénéficie en général d'un photographe professionnel qui réalise les clichés que l'on pourra utiliser dans nos publications.

Mais des revers de médailles nombreux

Alors oui, c'est plaisant de partir dans des coins sympas pour aller pédaler. Espagne, Italie, Asie, Ténérife, .... et j'en passe. Mais le bilan carbone de tous ces voyages en avion est catastrophique. Un de mes derniers voyages en Italie, du côté de Venise, est un exemple même des vols à rallonge :

  • Toulouse - Munich - Venise à l'aller
  • Venise - Francfort - Toulouse au retour

Près de 3000 km aller - retour ! A vol d'oiseau, au plus direct, ça aurait fait 1800 km aller-retour.

Sans compter les taxis qui nous amènent de l'aéroport à l'hôtel.... et vice-versa.... pour chaque journaliste. Même si pour ma part, j'essaie toujours de me greffer dans le taxi d'un confrère, quitte à arriver 4 heures à l'avance à l'aéroport, pour éviter un aller-retour de plus avec une navette qui ne transporte qu'une seule personne.

En étant tous au même endroit au même moment, on a tous exactement la même information.... et donc, bien souvent les mêmes écrits, les mêmes mots voire éléments de langages quand on publie notre article. Car même inconsciemment, on entend les mêmes mots de la part des équipes de la marque... que l'on reprend assez facilement. Les mêmes photos presque aussi, puisque nous sommes tous au même endroit.

Tout ce temps passé dans les avions et les aéroports, c'est du temps en moins pour rouler avec un nouveau vélo, s'appliquer sur les sensations ressenties (encore plus difficile sur des routes que l'on ne connaît pas). Du temps perdu aussi pour travailler le contenu du site. Des vols trop courts pour pouvoir travailler tranquillement dans l'avion. C'est autant de temps perdu pour traiter des mails. En partant 3 jours, on se retrouve à traiter plus de 300 mails (dont 200 spams !), ce qui prend une bonne partie de journée.

Dès aujourd'hui, l'avion sera limité au maximum

Durant la période des confinements COVID-19, les marques arrivaient finalement à faire des présentations en visio et cela se passait bien. Nous avions le temps de digérer les infos sereinement et avions souvent les vélos en notre possession bien avant la levée d'embargo, le temps d'analyser le vélo, d'avoir des questions pour les ingénieurs et pas seulement des réactions à chaud.

Mais depuis cette année, les voyages reprennent et il est parfois impossible d'assister à toutes les présentations à venir, car elles se chevauchent les unes les autres avec la problématique du temps perdu dans les aéroports, les correspondances, ....

De plus, quelle plus-value pour vous, lecteurs ? Que l'on vous présente un nouveau vélo depuis Ténérife, la Sicile, l'Italie.... ou depuis Toulouse ou l'Ardèche, pour vous, aucune différence. L'important, c'est l'aspect technique et le ressenti que je peux avoir sur ce vélo.

Je prends donc la décision de limiter au maximum mes voyages en avion. Soit une alternative est possible en train, soit je vais privilégier des présentations à distance, avec la possibilité d'avoir le nouveau vélo le plus tôt possible avant la levée d'embargo.

Comme déjà indiqué, j'ai déjà refusé 6 présentations presse depuis le début de l'année, qui impliquaient un voyage en avion. Parfois, pour une simple présentation de casques ou lunettes.... avec une sortie vélo de 40 kilomètres. Est-ce que cela vaut la peine de faire 3, 4 voire 5 heures d'avion s'il y a des correspondances ?

Je suis récemment aller visiter la nouvelle usine Origine. J'avais le choix entre 2h d'avion.... et 6h de train, j'ai opté pour les 6h de train.

Comment fonctionner maintenant ?

Pour la présentation d'un nouveau vélo ou d'un nouveau groupe, il est facile pour les marques de :

  1. organiser une présentation en ligne, que ce soit en direct ou en différé, comme ce fut le cas pendant les confinements
  2. rendre possible des échanges avec le / les ingénieurs via des visio ou de simples échanges par mails
  3. envoyer le groupe / les roues / le vélo en avance avant la levée de l'embargo, ce qui permet déjà de faire des clichés, une vidéo et de rouler sur le vélo sereinement

La solution serait peut-être aussi d'organiser, à l'image de ce qu'une marque américaine a pu faire depuis quelques années, des présentations par pays. Il est ainsi plus facile de faire venir les journalistes en train et, en plus petit comité, les échanges sont plus simples, plus conviviaux.

Des voyages en avions seulement si un intérêt pour le lecteur

Non, je ne vais pas arrêter totalement les voyages en avion, mais ceux-ci seront limités au maximum et seulement s'il y a un intérêt autre que rouler avec un nouveau vélo dans une belle région.

Mon dernier gros voyage était à Taïwan pour la présentation du dernier Giant TCR, mais il y avait aussi un énorme intérêt puisque Giant ouvrait les portes de son usine de fabrication de jantes et roues. Une occasion unique de vous faire partager l'envers du décor.

Dans ce cas, clairement, le voyage se justifie par une expérience inédite, aussi bien pour moi que pour vous lecteurs, d'autant qu'il n'existe aucune autre alternative de même ampleur en Europe. Et que même une visio ne permet pas de faire revivre une visite d'usine. Idem quand je suis allé plus récemment chez MICHE, le reportage au sein de l'entreprise permet d'en savoir beaucoup plus qu'un simple communiqué, de sentir des odeurs, ..

Pour le reste, même si les voyages presse sont une habitude depuis des décennies, la pandémie a montré que les habitudes installées pouvaient changer.... et DOIVENT changer. La technologie permet de facilement organiser des visioconférences de présentation.

Ce n'est pas parce que c'est un fonctionnement habituel que l'on doit "faire avec" et ne pas être, nous médias, acteurs de ce changement.

Un métier qui reste difficilement "propre"

Ne nous le cachons pas, être journaliste restera loin d'être propre. Quand je vais sur des courses comme le Dauphiné ou le Tour de France pour être sur le départ des étapes et aux hôtels avec les mécaniciens, je suis obligé de prendre la voiture.

Mais je me débrouille déjà pour limiter ma vitesse à 110/120 km/h sur autoroute, limitant ainsi ma consommation. Et je pratique aussi le covoiturage quand c'est possible.

C'est imparfait, certains trouveront que c'est totalement inutile de "bannir" les présentations presse impliquant un voyage en avion, mais je me dis que chaque geste en faveur de la planète est bon à prendre.