Pour ma part, je suis un fervent défenseur du port du casque, que j'ai imposé très tôt à mes enfants, mais je suis toujours contre son obligation, surtout quand c'est l'argument sécurité qui est mis en avant en mettant en parallèle le nombre de cyclistes tués lors d'accidents de la route... face à des véhicules à moteur. Je précise que pour ma part, je porte TOUJOURS un casque.

Rappelons que le port du casque est déjà obligatoire jusqu'à l'âge de 12 ans.

Comme indiqué, si pour moi, le casque est indispensable en tant que sportif, la chose devient plus compliqué pour les urbains, ceux par exemple qui vont utiliser un vélo type 'Velib" sans l'avoir prévu. Comment cela se passe ? On doit toujours emmener un casque avec soit "au cas où " ?

Pour justifier son choix de proposer cette loi, le groupe parlementaire centriste s'était appuyé sur les chiffres de la sécurité routière en France : d'après l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR), en 2019, sur 187 cyclistes tués et 4 783 cyclistes blessés, la moitié ne portait pas de casque.

Si la réelle volonté de ces sénateurs est la protection, pourquoi ne pas imposer aussi le casque aux piétons. Le risque de traumatisme crânien est dans bien des cas (piéton, passager d'une voiture, ...). Selon l'ONISR, les traumatismes crâniens affectent surtout les piétons et les automobilistes :

  • Piétons : 216%
  • Automobilistes : 24%
  • Cyclistes : 17%

Comme l'a noté l'Observatoire national de l'environnement et des traumatismes, la principale cause de traumatisme crânien en Italie (cela doit être proche en France) reste les chutes accidentelles, notamment celles des personnes âgées, à leur domicile (33 % du total).

Bien sûr, il est plus facile et moins coûteux pour les politiques de tenter d'imposer le casque plutôt que de développer de réels aménagements cyclables (pas des bandes cyclables pourries et non réfléchies) pour favoriser des développements doux en toute sécurité.

David Belliard, maire adjoint de Paris en charge de la transformation de l’espace public et des mobilités, propose une infographie qui fait ressortir qu'il y a la même proportion de tués parmi les cyclistes casqués que ceux non casqués.

 

 

La plupart des traumatismes crâniens graves chez des cyclistes sont causés par une voiture

A lire, le point de vue d'un neurochirurgien : https://www.esanum.fr/today/posts/le-port-du-casque-a-velo-oui-mais-point-de-vue-dun-neurochirurgien

 

Mon expérience de plus de 10 ans en tant que neurochirurgien et neurotraumatologue me permet de confirmer que la vitesse est toujours la principale cause de blessures graves dans les accidents de la route. Bref, je ne me souviens pas être jamais intervenu sur une hémorragie cérébrale chez un patient impliqué dans un accident à basse vitesse. Jamais. Par contre, j'ai parfois dû opérer pour cause d’hémorragie intracrânienne des cyclistes pourtant équipés de casques, impliqués dans de très graves accidents pour lesquels ils n'étaient quasiment jamais responsables.

En effet, puisque une majorité de chocs à la tête se produisent lors de l’impact avec un véhicule qui lui roule à une vitesse bien supérieure, pourquoi les cyclistes n’utiliseraient-ils pas des casques intégraux comme ceux utilisés par les motards ?

Les chercheurs d'une étude de 2017 ont conclu que les facteurs les plus liés aux traumatismes crâniens des cyclistes sont dans l’ordre :

  1. la vitesse de la voiture
  2. la consommation d'alcool du conducteur du véhicule   
  3. les conditions d'éclairage.

Ces trois facteurs sont largement plus responsables de la gravité des traumatismes crâniens que l'utilisation ou non de la piste cyclable et, contre toute attente, du port du casque.

Le casque, en tant qu’accessoire de protection, devrait être recommandé aux cyclistes, en particulier aux enfants, aux personnes âgées et aux personnes les plus à risque. Un casque bien conçu, de qualité et bien fixé peut sauver des vies en cas d'accident. Mais son caractère obligatoire peut être discuté, car il a été constaté à plusieurs reprises qu'il dissuade certaines personnes de prendre leur vélo, ce qui s’oppose au concept de « sécurité par le nombre ». Si l'on veut protéger les cyclistes, voici les mesures les plus efficaces :

  • réduire la vitesse des voitures à un maximum de 30 km/h dans les centres urbains
  • créer des voies réservées à l'usage exclusif des vélos
  • maintenir des normes élevées d'éclairage tant pour le cycliste (éclairage, vêtements, etc.) que pour la route (éclairage, asphalte à haute visibilité, etc.)

Environ 48 % des chirurgies pour traumatisme crânien sont dues à la vitesse des voitures et à leur effet destructeur.

Des constats partagés par cet article : Vélo : le casque empêcherait la majorité des décès ? Faux

Olivier Schneider, président de la Fédération des Usagers de la Bicyclette, qui a été auditionné sur ce projet législatif au mois de décembre a notamment relevé des effets pervers à cette obligation :

Le premier hic, c'est l'homéostasie du risque, qui a été prouvée : plus on se croit protégé, plus on prend de risques, donc on freine plus tard, on roule plus vite, ce qui fait que le gain de sécurité est compensé, complète-t-il. Ensuite, les casques ne sont actuellement pas conçus pour les accidents de la vie, c'est souvent une protection illusoire. Si quelque chose vous tombe dessus, ils seront efficaces, mais c'est rarement ce genre d'accidents qui arrivent aux cyclistes, ils subissent bien plus de chocs latéraux. Il a également été montré que les automobilistes ont tendance à doubler de plus près les cyclistes casqués, ce qui est aussi un problème. 

Si des accidents n'ont pas lieu avec cette loi, c'est simplement parce que les gens vont moins rouler. Il y a un vrai risque d'avoir moins de gens qui font du vélo et ça peut avoir un effet pervers sur la santé publique. »

Françoise Rossignol présidente du Club des villes et territoires cyclables :

La sécurité est liée à la vitesse des autres véhicules, à la visibilité (des vélos), et à un nombre d'aménagements indispensables pour la sécurité sur le parcours.

L’obligation du port du casque, ferait diminuer la pratique du vélo, alors même que les bienfaits de la pratique du vélo sont majeurs du point de vue écologique et de santé publique.

Seuls 2 pays ont rendu obligatoire le port du casque : l’Australie et la Nouvelle Zélande. Dans ces deux pays, il a été constaté une baisse du nombre de cyclistes... mais une stagnation du nombre de blessés.

Mais surtout, nombre d'accidents graves à l'encontre des cyclistes (impliquant décès ou blessures graves) sont dû à un véhicule motorisé. Dans bien des cas, l'énergie cinétique est telle qu'un casque ne protège pas le cycliste. Et que dire, lorsque ce dernier passe sous les roues d'un camion, comme cela est encore arrivé récemment ?

L’étude « Analyse de l’accidentalité des cyclistes », qui s’appuie sur une base de données enrichie d’accidents de l’année 2011, dite "VOIESUR", avait notamment mis en avant ces chiffres :

  • 39 % de ces accidents sont des collisions entre un cycliste et un autre véhicule
  • C’est en particulier le cas pour 44 % des accidents hors agglomération

Développons les aménagements sécurisés

  • plus il y a de vélos, moins il y a d’hospitalisations de cyclistes (en proportion) ;
  • plus il y a d’infrastructures cyclables, moins il y a d’hospitalisations de cyclistes ;

Code-de-la-route-cycliste-002.jpg

Le médecin canadien Michel Lavoie souligne que "ce qui fait la sécurité des villes comme Amsterdam et Copenhague, ce sont des environnements plus sûrs pour les cyclistes", et non pas l'imposition du port du casque.

L'exemple des Pays Bas

0.5% des cyclistes aux Pays-Bas portent un casque et pourtant il s'agit d'un des pays où la pratique est la plus développée et où le nombre d'accidents graves reste particulièrement réduit.

Et faisons respecter les lois déjà en place

Code-de-la-route-cycliste-001.jpg

La France est la championne du monde de la production législative. Problème, avoir des lois, c'est bien, mais ça n'est efficace que si on les fait respecter et s'il y a des sanctions derrière.

Avant tout nouvel arsenal législatif, j'aimerais que celui déjà en place soit appliqué.

Pourquoi, quand on se fait frôler par une voiture ou un camion, les gendarmes ne veulent même pas recevoir un dépôt de plainte voire une main courante ? Et ce, même si on est en possession d'une vidéo de l'infraction et que la plaque du véhicule est reconnaissable sans aucune hésitation ?

Pourquoi les stationnements sauvages sur trottoirs, passages piétons et pistes cyclables ne sont pas systématiquement sanctionnés d'une amende lorsque les forces de l'ordre en font le constat ?

A force de tolérance, ces exceptions deviennent habitudes et certains ne sont même plus au courant que stationner sur ces aménagements est interdit !