Test du Cinelli Vigorelli Disc, acier italien à moins de 2000€
Par Test matériel - Commentaires : 6 .
le mardi 9 juin 2020 09:00 -Les vélos Cinelli ont toujours fait rimer sportivité et technicité tout en conservant la tradition Cinelli et Columbus. Ce Vigorelli Disc ne fait pas exception.
En premier lieu, il s'agit d'un cadre en acier, avec des tubes Columbus Thron. Ce ne sont certes pas les plus légers ni les plus réputés, mais ils permettent à ce vélo de conserver un prix très attractif puisqu'il ne coûte que 1870€. Mais pas question à ce prix de proposer un vélo au rabais, le vélo a droit à des soudures TIG, une superbe peinture Electron Blue qui ne passe pas inaperçue et un montage moderne sur base de SRAM Apex en monoplateau.
Bien sûr, on ne choisira pas ce Vigorelli Disc pour la légèreté, il pèse près de 9.9kg. Mais à ce tarif, en plus d'avoir un très beau vélo, vous avez un morceau d'histoire du cyclisme, un mythe. Mais sur la route, ça donne quoi ?
Présentation
Ce qui m'a de suite sauté aux yeux sur ce vélo, c'est ce magnifique coloris Bleu Electron, qui n'est pas sans rappeler celui qui était présent sur les Maxi Sports de l'équipe Castorama dans les années 1990.
Un bleu pailleté avec des logos argentés irisés çà et là. Un coloris que l'on aimerait voir plus souvent et que l'on attend pas forcément à ce niveau de prix. Mais cette jolie couleur n'est pas là pour "l'effet paillettes aux yeux" qui servirait à cacher une finition médiocre. Non, le Vigorelli a droit à des soudures TIG pour son assemblage qui sont très propres.
Pas de passage interne des gaines, mais des fixations renforcées par des oeillets brasés. Seule la gaine de frein arrière se permet de passer dans le tube diagonal, mais ressort peu avant la boîte de pédalier (BSA 68mm) pour ensuite courir sous la base jusqu'à l'étrier. Le câble de dérailleur arrière passe lui en externe le long du tube diagonal.
A noter que la boîte de pédalier est réhaussée de 20mm afin de pouvoir prendre les virages les plus serrés tout en continuant de pédaler. Héritage de son ADN piste et critériums en pignon fixe. De même, l'empattement est rallongé pour éviter que le pied ne touche quand vous tournez... puisque sur un fixie, on ne peut pas s'arrêter de pédaler.
Les bases adoptent une forme particulièrement travaillée permettant le montage de l'étrier Flat Mount tout en assurant le montage des pneus de 28mm. De quoi voir venir et pourquoi pas opter pour des pneus plus larges pour plus de confort sur les très longues sorties.
La douille est de type conique 1-1/2”- 1-1/8” pour accueillir une fourche carbone monocoque Columbus Futura Disc qui ne pèse que 440g. Pour le cadre, forcément, point de comparaison avec un cadre carbone, puisque ce dernier est donné à 2200g en taille M. Cela permet d'arriver à 9.84kg le vélo complet en taille M comme j'ai pu le vérifier.
Un poids qui se répartit de façon assez déséquilibrée quand on prend le vélo entre les mains. En effet, la fourche carbone permet d'avoir un avant relativement plus léger que l'arrière, qui lui, semble très lourd. A voir si ce déséquilibre se ressent une fois sur le vélo.
Le vélo est disponible en 5 tailles : XS (47) - S (50) - M (53) - L (56) - XL (59). La tige de selle est conséquente, avec un diamètre de 31.6mm. Pour le serrage, un traditionnel mais non moins efficace collier de selle.
Bref, même si ce vélo est un "entrée de gamme", Cinelli n'a fait aucun sacrifice sur la finition, très soignée, de ce vélo. Des soudures parfaites, une magnifique couleur. Certains regretteront peut-être que les câbles ne passent pas dans les tubes, mais cela permet de conserver la rigidité des tubes sans les fragiliser par des trous.
Et puis les arrêts de gaines brasés rappelleront bien des souvenirs aux plus anciens...
Notons que Cinelli propose aussi ce Vigorelli Disc en cadre seul. On le trouve à 1149€ dans ce magnifique coloris Blue Electron.
Equipement
Pour arriver à un tarif aussi bas (1870€), il a fallu faire des concessions au niveau de l'équipement. Cinelli s'est donc permis de panacher les marques sur ce vélo. Pas sur la potence, le cintre et la tige de selle qui sont tous des modèles alu 6061 de chez Cinelli. C'est basique, mais pas trop lourd et surtout increvable. La selle est une Cinelli SSM Monza.
La transmission est donc en monoplateau SRAM Apex1 avec leviers et dérailleur arrière SRAM, mais un pédalier FSA Omega Mega Exo de 42 dents. La cassette est elle aussi "exotique", une Microshift 11-32 avec une cassette KMC. On s'aperçoit ici que la plage de développement est très faible. Au plus court, en 42x32, on est sur un équivalent 34x26. Le plus grand développement, 42x11, équivaut quant à lui à un 50x13. Si c'est exotique au niveau cassette, Cinelli est quand même resté sur des valeurs sûres sur tout le reste.
Les freins à disques sont de type mécanique. Des étriers TRP Spyre actionnés pas des câbles et non du liquide hydraulique donc. Un système moins performant que des freins à disques hydrauliques, mais surtout meilleur marché pour proposer un vélo à bas prix.
Pour compenser la moindre puissance de ce mécanisme, Cinelli a équipé le vélo de disques de 160mm à l'avant et à l'arrière, là où bien souvent, on ne retrouve qu'un disque de 140mm à l'arrière.
Les roues sont des Vision Team 30 disc montées avec des pneus Vittoria Zaffiro 700x25. Les roues sont là encore de l'entrée de gamme à 1900g la paire mais pour de l'alu de 30mm de profil, c'est la norme. Les roues sont équipées de roulements à cartouche et de rayons aéro.
Sur la route
Chez Cinelli, le Vigorelli est habituellement le cadre préféré des amateurs de critériums en pignon fixe, avec une géométrie exacerbant le côté incisif du vélo avec sa boîte de pédalier haute et des angles de tige de selle et de direction plus resserrés. Et sur la route, cette géométrie héritée de son ADN piste se retrouve.
Si la série de tubes Columbus Thron n'est pas la plus légère du marché, elle est en revanche très rigide. Et sur ce point, le Vigorelli sera difficile à prendre en défaut. Tout est "bridé", le Vigorelli n'est pas là pour faire de la promenade, non, il est conçu pour encaisser les watts de coureurs puissants. Cette rigidité, associée à la géométrie très "piste" en fait un vélo très joueur et surtout très incisif dans ses réactions.
Si l'acier est en général plébiscité pour son côté confort et filtrant, oubliez le confort avec le Vigorelli Disc. Les tubes Thron surdimensionnés ne sont pas là pour ça. Leur unique but, transmettre la puissance. Fort heureusement, malgré cela, le vélo arrive à filtrer un peu les aspérités des mauvais revêtements, mais ça reste relativement sec. Mieux vaudra compter sur des pneumatiques de plus forte section (28mm) pour améliorer ce point.
En dehors de ce point "confort", le Vigorelli Disc est très agréable à emmener sur le plat et son caractère bien trempé fait des merveilles dans les courbes serrées et rapides où ce sont bien souvent les limites du cycliste qui seront atteintes avant celles du vélo. Son déséquilibre de poids entre l'avant et l'arrière ne se fait aucunement sentir sur la route. Il n'y a que sur les relances que l'on sent que l'on a plus de 10kg entre les jambes. De même en bosse, il ne sera pas à son avantage. Forcément, un vélo dont la géométrie est issue de la piste, qui pèse plus de 10kg... et qui en plus n'offre qu'un braquet mini de 42x32, ce ne sera pas le meilleur des compagnons dans les cols.
Le freinage est plutôt bon comparé à des freins à patins, notamment sous la pluie. Mais il ne fait guère mieux sur le sec que l'antique freinage sur jante. La faute aux étriers à câbles et non hydrauliques, qui ne confèrent ni la même puissance ni le même toucher que leurs homologues hydrauliques. Sur ce point, c'est une relative déception. Si ça freine tout de même bien, on perd là de l'intérêt des freins à disques tout en ayant un surpoids conséquent.
Mais la grosse déception sur ce vélo, ce ne sont ni les freins à disques, ni le comportement d'ensemble du vélo, mais sa transmission monoplateau. Clairement, c'est trop limité sur la route du moment que l'on veut emprunter des routes vallonnées. Si le 42x32 permet tout de même de s'affranchir de la plupart des bosses, il ne faudra en revanche pas ralentir trop le rythme. Sous 10km/h, on passe à moins de 60tr/mn.
Le 42x11 se montre vraiment limité si on veut rouler vite sur les descentes ou même les faux plats descendants. Passé 50km/h, on est vraiment limite et il faudra tourner les jambes vite. Bref, un vélo qui ne sera pas à mettre entre toutes les jambes, mais surtout, pas sur tous les terrains.
Bilan
Coup de coeur pour ce Vigorelli Disc pour son côté très atypique, avec des tubes à l'ancienne, un coloris superbement moderne et tape à l'oeil, associé à une géométrie toute particulière qui en fait un vélo pas comme les autres.
Son prix de seulement 1870€ en fait un vélo très bien placé, avec un rapport prix / finition imbattable. Mais il ne sera pas un vélo conciliant pour son utilisateur, avec sa génétique issue de la piste et un caractère bien trempé.
Son usage sera limité principalement en raison de sa transmission monoplateau. Clairement, c'est sans doute ce qui limite le plus le potentiel de ce vélo. Mesdames et Messieurs de chez Cinelli, rajoutez-lui un dérailleur avant pour pouvoir l'utiliser avec deux plateaux et sans doute que ce Vigorelli Disc pourrait gagner en polyvalence et en fait un excellent vélo pour les budgets limités.
Equipements sur les photos :
- Tenue : Maillot, gants et chaussettes Cinelli YOON HYUP 'CITY LIGHTS'
- Casque : Kask Protone
- Lunettes : Koo Orion
- Chaussures : Fizik Aria R3
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