Présentation

A contre courant des nouveaux vélos actuels, qui optent de plus en plus pour un profil agressif et aéro, l'Helium SLX joue le conservatisme, avec des lignes contemporaines mais qui conservent l'esthétisme général d'un cadre des années 90. C'est encore plus vrai avec cette peinture spécifique Pure Line Heritage (option à 250€) qui rappelle les coloris et logos des années 70/80.

Cette peinture donne presque l'illusion d'avoir une tête de fourche brasée, comme c'était le cas dans les années 70.

En fonction des tailles, le Ridley Helium SLX Disc propose deux "visages" différents puisque sur les tailles XS, M et XL, les haubans sont rabaissés par rapport à la jonction tube de selle / tube horizontal alors que sur les tailles S et L, les haubans rejoignent le tube de selle tout en haut, au niveau de la tige de selle. J'ai demandé à Ridley le pourquoi de ce choix, ils m'ont répondu avoir analysé pour chaque taille où placer les haubans pour avoir le meilleur compromis rigidité / confort.

Le cadre ne pèse que 780g pour une taille small, soit seulement 60 g de plus que le modèle équipé de freins sur jante. Compter 360g pour la fourche.

Mon exemplaire étant une taille S, les haubans ne sont donc pas surbaissés, comme le veut la mode actuelle, ce qui lui donne un design presque rétro. Les tubes horizontaux et de selle sont ronds, seul le tube diagonal présente une forme légèrement rectangulaire. Même si cette version est uniquement à disques, on retrouve au niveau des haubans un "pont" juste au-dessus du passage de la roue, afin de rigidifier le triangle arrière.

Du côté du serrage de la tige de selle, Ridley est allé au plus simple, en adoptant un simple collier, là où de nombreuses marques cherchent plutôt à dissimuler ce dernier avec des systèmes parfois complexes mais surtout plus lourds.

La conception de l'Helium SLX Disc permet d'utiliser des pneus jusqu'à 28mm de section.

Si Ridley a voulu conserver à ce vélo un design relativement consensuel sans tomber dans l'excès, un gros travail a néanmoins été réalisé du côté de l'intégration. Tel un vélo aéro, aucun câble ne dépasse.

Ceci est rendu possible grâce à la technologie F-Steerer. Ce système offre une solution ingénieuse pour l'acheminement interne total des câbles. Les câbles passent directement du cintre à l'intérieur du tube de direction via la potence. Dans le tube de direction, ils bougent librement lorsque le cintre pivote vers la gauche ou vers la droite.

On le voit sur la photo du bouchon de potence ci-contre à gauche, la vis n'est pas centrée. Le pivot de la fourche n'est pas rond, ce qui laisse de la place sur l'avant pour le passage de l'ensemble des câbles et durites. Cette solution est compatible avec les transmissions Shimano, Campagnolo et SRAM.

Pour la construction, Ridley utilise des fibres de carbone haut module en provenance de chez Toray, du module élastique de 24 tonnes le plus souple, qui donne un degré de flexion et de confort au cadre, au module de 60 tonnes, qui est le plus rigide. Cet Helium SLX utilise majoritairement des fibres 60 tonnes.

La géométrie est relativement agressive, avec un tube horizontal assez long (54.5cm pour cette taille S) associé à une douille plutôt courte de 14.5cm.

Côté poids, j'ai pu peser cet exemplaire, équipée en Dura-Ace Di2, à 7.3kg en taille S. Une légère déception pour un vélo "light" alors que certains vélos aéro arrivent à ce poids.

On aurait pu s'attendre à être sous la barre des 7kg, surtout que le vélo est doté d'un équipement à la pointe, Shimano Dura-Ace Di2 et des roues plutôt légères. Une déception, mais pas de quoi en tirer quelque conclusion que ce soit. Pour avoir testé de nombreux vélos, le poids ne fait pas tout, loin de là.

Et il faut se rendre à l'évidence que depuis l'adoption des freins à disques, un vélo de série très léger arrive à 6.8kg, mais la majorité sont plutôt à 7.2kg en moyenne.

Equipement

Comme évoqué plus haut, ce modèle d'essai était équipé avec un groupe Shimano Dura-Ace Di2. Même si ce dernier semble en fin de vie (remplacement prévu cette année), il reste toujours au top avec une précision, une autonomie et une fiabilité qui le rend très agréable à utiliser.

Ridley a opté pour des plateaux 52/36 et une cassette 11-30 (Ultegra).

Tous les périphériques sont de la marque belge 4ZA (Forza), du cintre profilé en carbone Cirrus Pro annoncé à 200g à la potence alu Cirrus Pro (105g) jusqu'à la tige de selle en aluminium. Une marque peu connue en France mais qui existe depuis 2001.

Le cintre adopte un profil aéro sur sa partie supérieure. Les câbles passent à l'intérieur pour ensuite se faufiler dans la potence jusqu'au niveau de la douille de direction.

La partie plane n'est pas trop imposante et pourra convenir aux petites mains. La partie au niveau de la potence est ronde et permet théoriquement de monter un support de compteur traditionnel. Mais théoriquement seulement, car cette partie est trop étroite pour la majorité des supports. J'ai donc dû me résoudre à utiliser un support fixé sur la potence.

 

Les roues sont aussi de chez 4ZA, le modèle haut de gamme à pneus VARDAR DB, qui sont annoncées à 1490g la paire avec leur profil de 45mm de haut.

Des jantes larges de 27mm montées avec des pneus Vittoria Corsa de 25mm de section. Sur ce dernier point, Ridley reste plutôt conservateur là où la concurrence opte de plus de plus pour des 28mm de large.

Des roues qui semblent solides puisque la marque les annonces comme utilisables sur route, en gravel mais aussi cyclo-cross. Elles bénéficient d'une jante carbone avec profil en U qui devrait à la fois servir l'aérodynamisme, sans pour autant pénaliser le dynamisme comme cela aurait pu être le cas avec un profil plus haut. Les moyeux sont des modèles DT Swiss 350.

On retrouve des axes traversants et des disques de 160mm à l'avant et 140mm à l'arrière.

Tel quel, avec l'option peinture Pure Line Heritage, ce vélo est facturé 7828€.

Sur la route

Avant de parler du comportement, parlons de l'esthétique. Tous les cyclistes que j'ai pu croiser sont tombés sous le charme de ce vélo. Entre ses lignes plutôt traditionnelles et sa peinture Pure Line Heritage rappelant les vélos des années 70/80, nombreux, qu'ils soient vieux ou jeunes, ont apprécié ce vélo qui sort de l'ordinaire.

Et je dois avouer que moi aussi, j'ai de suite flashé sur cette peinture un brin rétro du plus bel effet. Ce n'est bien sûr qu'un avis totalement subjectif -les goûts et les couleurs- mais je tenais tout de même à le signaler.

Ridley propose un système de personnalisation des coloris du cadre, le Dreambuilder, qui vous permettra de laisser libre cours à votre imagination et votre esprit artistique.

Dès les premiers tours de roue, j'ai l'impression d'utiliser ce vélo depuis des semaines, comme s'il n'y avait aucun besoin de se faire à ce vélo. Je suis toujours parfaitement posé de la même façon sur les vélos, en reportant les côtes données par mon étude posturale, mais là, il y a un je ne sais quoi que je ne sais expliquer. La géométrie peut-être ?

L'Helium SLX Disc est rigide, très rigide. Il atteint sans aucun doute la rigidité d'un vélo aéro, qui possède bien souvent de très gros tubes. L'association avec les roues VARDAR DB qui font montre elles aussi d'une excellente rigidité, donne un vélo très dynamique qui ne demande qu'à transmettre toute la puissance du coureur aux pneus pour la transformer en vitesse.

Je me plais à accélérer le rythme sur les parties planes où même passé 45km/h, on ne ressent pas trop de déficit par rapport à un vélo purement aéro équipé de roues de 50mm ou plus.

En bosse, il se montre docile et pas trop exigeant. Le développement mini de 36x30 permet de s'accommoder de toutes les pentes et que vous ayez décidé de grimper au train en tournant les jambes ou en force, l'Helium SLX Disc semble s'adapter à vos exigences. En descente, son comportement est facile et prévisible et le freinage se montre à la hauteur.

En revanche, toujours ce bruit strident au freinage lié aux freins Shimano Dura-Ace. Un problème que j'ai rencontré sur tous les vélos équipés de freins à disques Dura-Ace, mais qui n'impacte pas sur la puissance du freinage. Espérons que le tir sera corrigé sur la prochaine version. Heureusement, sur le sec, le freinage est silencieux.

Si l'arrière se montre plutôt filtrant et confortable même sur de longues sorties, en revanche, l'avant filtre nettement moins. Sur les mauvais revêtements, toutes les vibrations et secousses remontent jusqu'au cintre et aux mains. Pour avoir un peu plus de confort, il conviendra soit de monter des pneus de 28mm ou alors de monter des 25mm plus souples, comme des Veloflex par exemple, qui apporteront ce petit plus en filtration qui lui manque.

Les roues de leur côté sont rigides et n'offrent pas trop de prise au vent en cas de vent latéral. Et à 1490g la paire, il sera difficile de trouver beaucoup plus léger, sauf à passer sur un profil plus bas qui rendra sans doute le vélo moins agréable à hautes vitesses. Dommage que ces VARDAR DB ne soient pas compatibles tubeless.

Bilan

Surprenant de polyvalence ! Ce Ridley Helium SLX Disc est étonnant tant il semble capable de rouler avec brio sur tous les terrains. Ces dernières années, j'ai pris beaucoup de plaisir à essayer des vélos aéros, grisants sur le plat à rythme élevé, et je ne m'attendais pas à retrouver des sensations si proches avec cet Helium SLX Disc.

Certes, ce ne sera pas le plus rapide sur le plat, ni même le plus agile en montagne par rapport à un vélo qui lui rendrait 500 grammes ou plus, mais pour le cyclosportif qui ne peut s'offrir qu'un seul vélo, la polyvalence a du bon. Pas spécialement bon marché, ce vélo devrait par contre bien vieillir, avec ses lignes intemporelles qui ne devrait pas le rendre démodé dans quelques années.

Qui plus est, avec ce design optionnel qui lui va comme un gant.