Essai des Hutchinson Challenger 28 mm, increvables et y'a intérêt !
Par Test matériel - Commentaires : 5 .
le jeudi 5 juin 2025 07:47 -Lancés en 2024, le Challenger est le pneu endurance de la marque Hutchinson, mais aussi le pneu 4 saisons, sa résistance à la perforation le rendant apte à rouler par tous les temps.
La marque française promet une durée de vie de 10000 km. Je n'ai pas pu pousser le bouchon jusque là, mais après 4000 km dont une bonne partie en hiver et par mauvais temps, le constat est sans appel, ce pneu est prévu pour durer, ça ne fait aucun doute.
Revers de la médaille, ils ne sont pas légers.... et le montage demandera une sacrée poigne voire quelques outils en fonction des jantes. Mais une fois en place, c'est l'assurance d'avoir des sorties sans pépins pendant près d'un an pour la majeure partie des cyclistes.
Présentation
Proposé en 25, 28 et 32 mm au tarif de 52 € environ, le Challenger TLR promet un rapport prix / durée de vie imbattable, le tout en étant fabriqué en France. A noter qu'une version pour chambre à air est proposée en 25, 28 30 et 32 mm. Par contre, elle n'est pas fabriquée en France.
C'est ici la version 28 mm que j'ai eu à l'essai. Premier constat, le Challenger ne fait pas dans la légèreté. Cela s'explique tout d'abord par la bande de roulement épaisse de quelque 2.3 mm en son centre.
Le Challenger Tubeless est composé d’une carcasse 3×127 TPI associée à une nouvelle Bi-Gomme Endurance développée par Hutchinson. Les épaules plus tendres offrent une adhérence fiable dans toutes les conditions, tandis que la bande de roulement centrale plus dure réduit la résistance au roulement et améliore la résistance à l’abrasion.
Le Challenger TLR introduit un tout nouveau niveau de protection contre les crevaisons avec la technologie HARDSHIELD. Composée de deux couches de protection distinctes travaillant en tandem, HARDSHIELD offre une résistance aux crevaisons à un niveau jamais atteint sur un pneu de route tout en conservant, selon Hutchnson, une flexibilité et un confort supérieurs.
Une première couche de protection, composée d’un renfort souple en polyamide, recouvre la largeur de la bande de roulement, tandis que la seconde est une bande légèrement plus étroite en fils d’aramide super résistants, concentrant la protection au niveau de la zone de contact au sol.
A voir ce que cela donne dans les faits, car quand on multiplie les couches, on sacrifie forcément la souplesse (et donc le confort) ainsi que la résistance au roulement.
En contrepartie, le Challenger promet une excellente résistance à la crevaison. Pour évaluer la capacité des pneus à résister aux crevaisons, Hutchinson les a soumis, ainsi qu’une gamme de pneus concurrents, à un régime d’essais. Il a été constaté que, parmi les pneus testés, les crevaisons se produisaient généralement à une force de 80 à 120 Newtons, alors que le Challenger Tubeless résistait aux crevaisons jusqu’à une force de 170 Newtons, une augmentation de plus de 100 % dans certains cas.
Autre apport sur ce Challenger, la technologie Airshield. En intégrant deux composés d’étanchéité haute performance qui recouvrent à la fois l’intérieur du pneu et la tringle, Airshield assure un environnement 100 % hermétique et ce, même sans liquide préventif.
La couche flexible en butyle s’étend en continu jusqu’à la ligne de jante, ce qui lui permet de fléchir et de se déformer avec les mouvements du pneu, maintenant ainsi une étanchéité parfaite.
Cela élimine la nécessité de renforts textiles traditionnels sur la tringle, préservant ainsi la souplesse de la paroi latérale et, par conséquent, améliorant le confort de conduite à des niveaux sans précédent.
Montés sur des roues avec 21 mm de largeur interne, les Challenger mesurent 29.2 mm environ.
Côté poids, forcément, les Challenger ne font pas dans le light. J'ai pesé mes exemplaires à 406 g pièce en 28 mm. Clairement, on ne choisira pas ces pneus pour leur légèreté. Mais on ne peut pas tout avoir, légèreté et endurance ainsi que résistance à la crevaison !
Le montage.... un calvaire
Alors oui, le titre de ce paragraphe n'est pas vendeur. Mais autant afficher la couleur.
J'ai cru que jamais je n'arriverai à monter ces Challenger sur mes roues Dura-Ace C36 TL. Plusieurs démonte-pneus en ont fait les frais.
J'ai pourtant l'habitude de galérer avec certains pneus.... mais là, même le montage de pneus Veloflex sur des roues Campagnolo Neutron (cela parlera à ceux qui ont connu) est une partie de plaisir à côté.
Bref, une fois en place, on espère vraiment que l'endurance mais surtout la résistance à la crevaison sera à la hauteur des promesses, car je ne me vois pas galérer autant au bord de la route !
Une étanchéité vraiment à toute épreuve
Hutchinson promet un pneu étanche et c'est vrai. Même sans liquide préventif, terminé les pertes de pression.
Même au bout d'un mois, la perte est de 0.5 bar maximum et ça ne bouge plus. Autant vous dire que l'on perd l'habitude de refaire un coup de pression avant de partir. Hutchinson avance que ce principe permet aussi de réparer facilement une crevaison avec une chambre à air sans se mettre du préventif de partout.
Reste qu'au bout d'un moment, j'ai tout de même ajouté 40 ml de préventif... par sécurité, afin de boucher une éventuelle perforation du pneu. Car si le liquide préventif sert aussi à rendre le pneu tubeless parfaitement étanche, son rôle est aussi d'assurer un colmatage d'un trou pour éviter tout arrêt.
Mais compte tenu de la difficulté de montage du pneu, j'ai préféré assurer mes arrières plutôt que de devoir galérer sur le bord de la route ! Vu le poids des pneus, on est plus à 40 grammes près !
Sur la route
Ces pneus Challenger ont été testés depuis octobre 2024 jusqu'à ce mois de mai. Plus de 6 mois de test qui couvrent un large panel de conditions météo.
Premier constat, le poids. Même si je roule souvent sur ce même vélo avec des pneus de 30 mm, la plupart affichent 300 grammes maxi sur la balance. Là, avec 406 grammes par pneu, on ajoute 200 grammes sur l'ensemble roulant et surtout, c'est un poids qui se trouve en périphérie de la roue.
Cette masse supplémentaire se traduit par un comportement bien moins dynamique que des pneus sportifs. Mais on est là en présence d'un pneu endurance. La cible de ces pneus sont les cyclistes qui roulent bien souvent très longtemps à un rythme plutôt régulier.
Par contre, une fois lancé, cette masse devient presque un avantage.
Des Challenger qui se montrent plutôt raides. Sans être dans l'excès, on est plus au niveau du GP5000 que d'un Vittoria Corsa Pro ou d'un Véloflex, mais cela n'a rien d'étonnant avec une carcasse 3 x 127 TPI et surtout, l'épaisseur de gomme associée aux divers renforts. Tout cela pénalise la souplesse de la carcasse.
Le grip est très bon sur le sec. Sur le mouillé, on est en retrait des meilleurs, sans pour autant que cela soit dangereux. Il semblerait que ce ne soit pas la gomme qui soit en cause, mais plutôt la rigidité de l'ensemble qui empêche à mon avis la carcasse de travailler au mieux et donc au pneu d'offrir un maximum de surface de contact au sol.
Cela est surtout marqué dans les descentes humides où on sent que l'on arrive un peu plus rapidement à la limite. On descend donc un peu plus sur la retenue et on évite de mettre trop d'angle dans les virages.
Après 4000 km, aucune crevaison à signaler. Et la chape ne montre aucune trace de coupure ni même d'usure. Je ne les ai pourtant pas ménagés, n'hésitant pas à rouler dans la terre sur les bas-côtés voire à emprunter quelques chemins.
Les témoins placés sur la bande centrale sont encore très profonds et le Challenger pourra sans problème encaisser 4000 km de plus à l'arrière et sans doute que les 10000 km seront atteints avec le pneu avant.
Au démontage, la carcasse s'est un peu assouplie et un nouveau montage demandera moins de poigne que lorsque les pneus sont neufs.
Bilan
Vous voulez rouler sans souci durant des milliers de kilomètres, peu importe le poids de vos pneus et sans rechercher du dynamisme ? Le Challenger TLR est fait pour vous.
Au tarif de 52 € environ pièce, ça nous fait 104 € la paire, mais pour une longévité de comprise entre 8 et 10000 km. Si le confort n'est pas son point fort, vous pourrez toujours opter pour une section un peu plus grande que d'habitude qui vous permettra de regagner à ce niveau.
Par contre, attendez-vous à galérer un peu pour le montage en fonction de vos jantes, ce qui impliquera de ne pas s'y prendre au dernier moment !
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