Essai du Stajevelo Rocchetta, plus allroad que véritable gravel
Par Test matériel - Commentaires : 9 .
le mardi 20 mai 2025 14:52 -La marque monégasque Stajvelo avait déjà le Roca au catalogue comme vélo gravel, mais la pratique gravel étant très large, il fallait un autre modèle.
Elle a récemment présenté un nouveau modèle, le Rocchetta, plus orienté allroad. Un vélo à tout faire, qui se veut plus polyvalent encore que le Roca.
Un vélo léger (seulement 8 kg) que j'ai pu essayer pendant plusieurs semaines sur la route mais aussi en mode gravel. Comme tout allroad, son caractère penche plus d'un côté que de l'autre, car faire des choix, c'est renoncer un peu et à proposer un vélo "à tout faire", on finit forcément par ne pas être parfait sur tous les terrains.
Présentation
Le Rocchetta s'articule autour d'un cadre qui ne pèse que 940 grammes. La marque apporte peu de précisions du côté de la fabrication, si ce n'est que c'est un cadre carbone UD fabriqué selon le procédé EPS.
Du léger donc pour un cadre destiné à ne pas rester sur le bitume, ce qui permet de construire un vélo relativement léger puisque le modèle qui nous intéresse ici, équipé en Ultegra Di2, pèse tout juste 8 kg en taille M. Ce montage est proposé à 5899 €.
Une version plus gravel, avec une transmission Shimano GRX Di2 est quant à elle proposée à 6299 €.
Avec un reach de 390 mm en taille M et un stack de 564 mm, on est relativement proche d'une géométrie d'un vélo de route. Seul l'empattement de 103 cm et la longueur des bases de 425 mm trahissent une géométrie qui se veut volontairement plus stable pour les chemins.
Les tubes sont légèrement aéro avec des bases qui se fixent assez bas sur le tube de selle et bien sûr, la câblerie est totalement intégrée. Stajevelo a opté pour la simplicité avec une tige de selle ronde et un collier de selle traditionnel.
Bien, que classé comme Allroad, la marque a équipé le Rocchetta de support sur le tube supérieur. Un troisième support porte-bidons est aussi placé sous le tube diagonal.
Le boîtier de pédalier est au format Press-Fit et bien que ce Rocchetta ait été nouvellement sorti, il n'est pas par contre compatible avec le standard UDH. Dommage.
Le dégagement est suffisant pour accepter des pneus jusqu'à 42 mm. On est donc bien en présence d'un allroad donc, 42 mm étant désormais une monte "étroite" sur un pur gravel. Mais pour beaucoup, cette section sera amplement suffisante pour aller sur la plupart des chemins.
La peinture est réalisée à la près de Nice par un artisan. 12 coloris sont proposés, tous proposent le même dégradé avec de la couleur, mais aussi des parties non peintes laissant apparaître le carbone brut. Une peinture qui s'avère, sur mon exemplaire test, très fragile, avec des éclats déjà présents. Stajvelo m'indique que le problème est connu et résolu.
Un cadre fabriqué en Asie, en provenance d'un fournisseur Italien. Les 5899 € demandés pour ce modèle sont plutôt bon marché, d'autant plus qu'avec une masse totale de 8kg pour ce modèle équipé de pneus de 40 mm de section, on est sur du relativement léger !
Equipement
Comme indiqué, le modèle testé ici est équipé en Shimano Ultegra Di2. Un choix qui pourrait paraître décalé pour un vélo gravel, mais il y a quelques années, quand aucun groupe spécifique gravel n'existait, bien des vélos gravel étaient équipés de groupes route sans aucun problème de fonctionnement.
Il n'est pas rare de voir des coureurs pros rouler par exemple en Shimano Dura-Ace (Mathieu van Der Poel) sur la saison de cyclo-cross sans que ça ne pose de souci. Seuls les développements ne seront pas adaptés à toutes les pratiques gravel, avec un pédalier 50x34 et une cassette 11-34. Pour ceux qui voudraient prioriser la pratique gravel plutôt que route, la version équipée du groupe Shimano GRX sera sans doute plus appropriée.
Cintre et potence et tige de selle sont issus de chez FSA. FSA SMR pour la potence, FSA A-WING PRO. La tige de selle est en carbone, Stajvelo Rocchetta Carbone, tout comme la selle badgé Stajvelo, une SLR 3D qui reprend la construction d'impression 3D que l'on retrouve un peu partout.
Pour les roues, direction Vision avec des SC45. Une paire de roues annoncée à 1590 grammes la paire, un profil de 45 mm de haut mais une largeur interne de "seulement" 21 mm, ce qui est étroit désormais pour des roues gravel.
Mais comme le Rocchetta n'accepte que des sections allant jusqu'à 42 mm, ça passe encore. Cette version devait être livrée avec les nouveaux Caracal Allroad de 35 mm de section, mais à son arrivée, ils n'étaient pas encore sortis, je l'ai donc reçu avec des Caracal Race 40 mm. Un pneu qui se montre idéal pour une configuration allroad.
Sur la route et les chemins
Premières sorties sur la route, le confort est remarquable tout en offrant un excellent rendement. Oui, cela pourrait paraître étonnant pour beaucoup avec des pneus de 40 mm, mais les Caracal Race sont vraiment à part et permettent d'avoir de belles sensations sur la route.
Gonflés à 3 bars, grâce à leur bande de roulement très lisse, ils opposent très peu de résistance, offrant une bonne balance entre le rendement et le confort. Il n'y a vraiment que sur les relances que la masse des pneumatiques (475 g pièce) offrent une inertie non négligeable.
Mais cela n'empêche pas d'apprécier un Rocchetta très nerveux, qui n'empêchera pas de remporter quelques sprints aux pancartes.
Un vélo qui donne vraiment envie de rouler toute la journée dans cette configuration. Un cadre nerveux, parfaitement contrebalancé par des pneus très confortables si on ne dépasse pas 2.8/3 bars sur le bitume.
On a ainsi un véritable vélo typé endurance, alliant rendement et surtout un confort digne d'un tapis volant qui retarde forcément les douleurs musculaires.
L'idéal serait sans doute la configuration "commerciale" avec des pneus allroad de 35 mm pour gagner un peu plus de rendement tout en réduisant l'inertie. Mais même avec ces gros pneus de 40 mm, le Rocchetta en surprendra plus d'un par son aisance sur la route.
Les braquets sont parfaitement adaptés pour une utilisation route et même pour des parcours très montagneux.
Une vivacité qui se fait au détriment de la stabilité hors bitume. Forcément, tout est affaire de compromis et Stajvelo semble avoir positionné cet Allroad plus côté route que gravel.
Il se montre parfait sur des chemins blancs avec un sol bien compacts et roulants. Dans ce cas, où la technique ne prime pas, le Rocchetta se montre parfaitement apte pour peu qu'on diminue la pression si nécessaire, dans le cas où les chemins se montrent un peu plus accidentés.
Si le terrain se montre plus instable, plus meuble, les Caracal Race montrent vite leurs limites, surtout si ça devient gras. Mais même avec un terrain sec, les parties sinueuses et techniques montrent les limites du Rocchetta. Ici, la vivacité appréciée sur le bitume rend le vélo un peu moins stable qu'un véritable gravel. Non pas qu'il en devienne dangereux, mais cela demandera plus de concentration et de technicité.
Ce n'est pas une surprise, tout comme un gravel va forcément plus pencher vers la route ou les parcours très cassants type VTT, un allroad penche plus côté route ou gravel. Ce Rocchetta, dans cette configuration Ultegra Di2, sera conseillé pour ceux qui veulent rouler à 80 % sur la route tout en s'autorisant des chevauchées dans les chemins.
Bilan
Bien que la marque soit encore très jeune et d'origine monégasque, elle propose un produit aboutit et surtout, avec des tarifs qui ne sont pas à l'image de la principauté.
Oui, près de 6000 €, ça reste un budget, mais à ce prix, le Rocchetta est bien équipé, avec des groupes plutôt haut de gamme et un excellent comportement sur la route tout en pouvant se prendre pour un gravel tant que les terrains ne sont pas trop techniques et cassants.
Idéal pour ceux qui ne veulent pas trop choisir entre vélo de route et gravel, qui privilégient le confort pour les très longues distances sur route tout en s'octroyant la possibilité de quitter le confort monotone du bitume.
Photos : Sonam.cc et Matos Vélo
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