Présentation

Comme la première version que j'avais pu essayer, ce Specialissima est ici testé avec son coloris Céleste, mais vous pourrez tout aussi bien opter pour du noir ou un bleu / vert.

Les différents marquages sont réussis, avec un simple détourage multicolore irisé du plus bel effet au soleil.

Pour améliorer son aérodynamisme, ce Specialissima emprunte des solutions de l'Oltre, comme le passage interne des câbles, l'intégration du serrage de la tige de selle ou encore le travail sur la forme des tubes. Mais malgré ces tubes plus aéro, le Specialissima CV Disc conserve une ligne plutôt traditionnelle, loin des vélos ultra modernes qui peuvent rapidement passer de mode. Bianchi a ici conservé des lignes qui pourront sans doute ne pas se démoder.

Passage aux disques oblige, le Specialissima n'est plus aussi léger qu'avant. Pour ce modèle équipé du groupe SRAM Red eTap AXS et de roues carbone, compter 7.15 kg en taille 55. J'avais pesé son prédécesseur à 6kg dans la même taille avec un groupe Super Record.

A 10500 €, forcément, beaucoup trouveront ça lourd, mais il faut s'y résoudre, les vélos à moins de 7 kg sont désormais rares, mais les disques ont bien des avantages pour ceux qui affectionnent la montagne par tous les temps.

Grâce à l'adoption des freins à disques, ce Specialissima peut par exemple accepter des pneus jusqu'à 28mm de section. Pour l'intégration de la câblerie, Bianchi a choisi le système FSA ACR, un système qui évite à la marque de devoir développer un nouveau produit et qui permet surtout de monter le cintre que l'on veut sur la potence.

Le serrage de selle se fait au moyen d'une vis située sur l'avant de la tige de selle.  Une tige de selle ronde, qui permet là aussi d'être compatible avec la tige de selle que vous voulez.

Vous le devinez sur cette photo, les formes du tube horizontal sont travaillées de sorte à offrir une excellente rigidité avec le moins de matière possible. C'est aussi le cas au niveau du tube diagonal.

Les haubans ne cèdent pas à la mode et reste fixés très haut. La finition est vraiment réussie et tout est pensé dans les moindres détails, comme les vis de porte-bidons marquées Bianchi qui sont aussi en coloris Céleste. Avec un tel niveau, il est finalement dommage que les caches situés sur le haut du tube diagonal, qui permettent un routage des câbles pour les transmissions mécaniques, ne soient pas de la même couleur que le cadre. C'est pour chipoter !

Jusque là, beaucoup pourraient penser que ce Specialissima CV Disc est finalement comme bien d'autres cadres, à quelques détails esthétiques près.

Mais c'est sans compter que la mention CV apposée au niveau du serrage de selle. CV pour Countervail, un matériau que Bianchi introduit dans la construction du cadre, au milieu des feuilles de carbone, qui permet de réduire les vibrations de 80%.

Le système d'annulation des vibrations Bianchi CV combine un matériau viscoélastique avec une architecture spéciale en fibre de carbone pour dissiper les vibrations.

Voilà qui pourrait permettre d'éviter, comme certaines marques le font, de monter des pneus de 28 mm de section pour avoir un vélo pas trop inconfortable. D'ailleurs, Bianchi livre son Specialissima CV avec des pneus de 26 mm de section.

Equipement

Proposé avec plusieurs montages (Campagnolo Super Record EPS, Shimano Dura-Ace Di2, Shimano Ultegra Di2 ou encore SRAM Red eTap AXS), c'est dans sa version SRAM Red que j'ai testé ce vélo. Le premier groupe sans fil qui commence à dater, mais fonctionne toujours à merveille.

Il faut simplement se faire à ses développements spécifiques X-Range, ici des plateaux 46x33 associés à une cassette 10x28. Comme vous pouvez le voir sur le "tableau des développements vélo de route", cela correspond à un développement mini de 34x29 ou 36x30. Quant au développement maxi, il est quasiment équivalent à un 55x12.

Côté freinage, Bianchi a fait le choix de deux rotors de 160 mm. Autant dire qu'il n'y a aucune crainte à avoir du côté de la puissance de freinage, même pour les cyclistes les plus lourds. Ces rotors sont montés sur des roues Vision SC40 DB de 40 mm de haut annoncées à 1590 grammes la paire et montées avec des pneus Pirelli P ZERO Race de 26 mm. Des jantes sur lesquelles on pourra monter des tubeless. Leur profil de 40 mm de haut est à mon sens un excellent choix pour ce vélo qui sera bien souvent choisi pour sa polyvalence.

Mais ces roues restent le "parent pauvre" du côté des périphériques de ce vélo. Vendues 1200 € en prix public, on s'attend, sur un vélo facturé 11500 €, un train roulant un peu plus haut de gamme. En restant dans la même marque, des METRON 45 SL DISC qui pèsent 200 grammes de moins auraient nettement plus en accord côté standing tout en permettant en plus au vélo de passer sous les 7 kg !

Pour ce qui est des périphériques, comme évoqué plus haut, Bianchi a opté pour une solution relativement standard qui permettra à chacun, s'il le souhaite, de changer pour son cintre ou sa tige de selle favorite.

Mais pour autant, le cintre marié à la potence alu Reparto Corse de FSA devrait convenir au plus grand nombre. Un cintre carbone FSA Reparto Corse avec une forme ergonomique sur la partie haute sans être pour autant trop extrême. La partie centrale est ronde, ce qui permet d'y fixer n'importe quel support de compteur.

La tige de selle est aussi un modèle FSA Reparto Corse en carbone, surmonté d'une selle Fi'zi:k Antares R1. Pour ce dernier point, rien de spécifique à dire, chacun la trouvera agréable... ou pas.

Sur la route

Malgré une monte pneumatique de seulement 26 mm et un montage chambre à air, il ne fait aucun doute que le Specialissima a conservé un confort de haut vol, grâce à l'apport du Countervail.

Et pourtant, malgré ce confort, la rigidité est en hausse. Non pas que la précédente version était molle, mais ce nouveau Specialissima s'est rigidifié au niveau de la douille de direction et de la boîte de pédalier, tant est si bien que même lorsqu'on veut faire des sprints ou monter des bosses en force, on ne sent pas le vélo se désunir.

Le Specialissima profite d'une géométrie très "course". Mon cadre "55" est au carré, avec un tube supérieur de 55 cm de long et un angle de tube de selle de 73.5 °. Des valeurs que l'on retrouve souvent sur des vélos taillés pour la compétition.

Dès que la route s'élève, le Specialissima est clairement dans son élément. Certes, un peu moins facile que son prédécesseur qui lui rendait plus de 1 kg, mais malgré sa rigidité en hausse, il sait se montrer docile, facile à emmener. Très sincèrement, on se croirait sur un vélo plus léger qu'il ne l'est. Il permet de monter sur le grand plateau, avec du couple, ou en moulinant, avec tout autant de facilité. Sur cet aspect, le Specialissima ne déçoit pas.

Dans les descentes, il reste parfaitement stable et la filtration conférée par le Countervail permet d'avoir un vélo moins sautillant et plus agréable au niveau du cintre, avec bien moins de vibrations qui mettront en confiance n'importe quel cycliste. Les prises d'angles même sur mauvais revêtements sont un régal. Et pourtant, il est ici chaussé de pneus Pirelli avec chambres à air. Avec des tubeless, le confort est encore accentué, de sorte que ce vélo est clairement un des plus confortables que j'ai pu tester dernièrement.

Là où les progrès sont les plus flagrants, c'est sur le plat à haute et vitesse et sur des sprints. Il faut dire que le précédent modèle Spécialissima que j'avais pu tester était équipé de roues basses. Ici, les roues de 40 mm, associées à un aérodynamisme amélioré, permettent de filer à plus de 40 km/h sans jamais avoir l'impression de marquer le pas, d'être ralenti par rapport à un pur vélo aéro. Et pas de craintes avec les roues de "seulement" 40 mm, ça va aussi vite et c'est moins soumis aux rafales de vent. Au final, bien plus reposant.

Sur les sprints, la version précédente était un peu en limite, ce qui n'est pas le cas ici, tout au moins au niveau d'un cyclosportif qui ne développera pas plus de 1200 watts. Dans ce cas, le vélo est largement assez rigide, de même que les roues, pour ne pas ressentir de souplesse.

Finalement, tout ceci n'aura été que très légèrement gâché par un bruit de vibrations au niveau des leviers SRAM Red eTap. Un bruit qui cesse quand on a les mains aux cocottes, mais qui revient dès qu'on les lâche. Un problème récurrent que j'avais déjà pu constater que plusieurs vélos test. Dommage, car sinon, le Specialissima est parfaitement silencieux, sans la moindre gaine qui ne vienne se faire entendre.

Le Specialissima est vraiment un vélo d'exception. Si son dessin est bien plus aéro que la génération précédente et pourra décevoir ceux qui préfèrent un vélo au dessin plus basique, il reste tout de même éloigné des vélos très aéro. Bianchi a, à mon sens, réussi à moderniser ce vélo sans tomber dans l'excès.

Bilan

Un vélo qui a évolué pour se montrer encore plus dynamique et polyvalent, moins cantonné à monter des cols. Une polyvalence exacerbée avec toujours de sacrés performances en montagne. Non, ne vous arrêtez pas à son poids !

Reste que le Bianchi Specialissima CV est cher. A 10500 €, on franchit un cap symbolique - mais de plus en plus courant malheureusement - et à ce prix, il mériterait à mon avis des roues un cran au-dessus.

Non pas que celles qui équipent ce vélo soient mauvaises, mais question de gamme. Avec des roues plus haut de gamme, l'ensemble serait homogène avec en plus, cerise sur le gâteau, un poids sous les 7 kg qui aiderait à faire passer un peu mieux la pilule.

Photos : Céline & Guillaume pour Matos Vélo - Sonam.cc