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1. Quels sont les plus gros changements pour vous au niveau du travail ? Le métier de mécanicien a-t-il beaucoup évolué ?
Guillaume Bouveret : Oui, le métier a beaucoup évolué, surtout au niveau de l'électronique qui permet d'avoir beaucoup plus de fiabilité. C'est plus long à monter, mais une fois fait, c'est un réel gain de temps.

2. En plus de 10 et 30 ans, quelles sont les plus grandes évolutions du côté du matériel ?
Guillaume Bouveret : Les roues carbone et les groupes électroniques
Jacques Marget : De mon côté, je mettrai en premier les pédales automatiques, puis les groupes électroniques.

3. Te tiens-tu au courant des dernières nouveautés dans le domaine du matériel ? Si oui, par quel biais ?
Je suis un peu l'actualité par internet et les magazines. Mais c'est surtout auprès des collègues des autres équipes sur les courses que je m'informe des nouveautés.

4. L'adoption d'une transmission électronique est-elle un plus pour vous concernant la facilité d'entretien et les réglages ?
Guillaume Bouveret : Oui, surtout du point de vue de l'entretien.
Comme je l'ai déjà dit, le montage est plus long quand on l'installe sur un vélo, mais ensuite, c'est un gain de temps indéniable. Ça ne bouge quasiment plus, hormis sur chute, là où les transmissions par câbles nous obligeaient à revoir le réglage de temps en temps.
C'est aussi un gros plus pour les coureurs. Tous l'ont adopté.

5. Comment réalisez-vous les collage des boyaux ? Combien vous arrive-t-il d'en coller ?
Jacques Marget : Avant le Tour de Romandie, j'ai collé environ 30 boyaux avant la course.
Pour réaliser un bon collage du boyau, je gratte la jante neuve avec du papier verre à gros grain afin de supprimer le vernis.
Je mets une première couche de colle et attend qu'elle soit sèche au toucher. Ensuite, je mets deux couches de plus, là aussi en attendant qu'elle soit sèche au toucher avant la couche suivante. Ce n'est qu'après que je procède au collage du boyau avec application de la colle sur la jante et sur le boyau.

6. Quelles pressions sont en général utilisées par les coureurs en course ?
Jacques Marget : 8 bars avec des boyaux de 24mm de section.

7. Avez-vous des demandes particulières de certains coureurs concernant du matériel spécifique, plus léger par exemple ?
Guillaume Bouveret : Non. Les coureurs roulent avec le matériel de nos partenaires. Nous sommes déjà très bas en poids, il est donc inutile d'aller chercher plus léger.

8. Certains bruits disent que les coureurs adoptent de plus en plus des sections de 25mm au lieu de 23mm pour les boyaux. Est-ce le cas et si oui, quel apport ?
Guillaume Bouveret : En effet, chez nous, nous roulons en 24mm de section avec des Schwalbe One. Cela procure plus de confort aux coureurs tout en assurant un meilleur rendement.
Sur les classiques, les coureurs utilisent des boyaux de 26mm, 28mm sur Paris-Roubaix.

9. Les marques d'équipements (roues, groupe, cadre, ...) vous dont-elles parfois tester des prototypes ? Êtes-vous mis à contribution pour faire progresser le matériel ?
Guillaume Bouveret : Oui, les marques nous font tester du nouveau matériel, notamment Schwalbe (boyaux pour un usage spécifique) et Lapierre. Nous faisons ensuite un retour auprès de ces marques pour valider ou faire évoluer le matériel.

10. Avez-vous du matériel de façon illimitée pour l'année ou recevez-vous une dotation ?
Guillaume Bouveret : Non, nous recevons un package en début d'année de cadres, groupes et roues et nous devons faire avec. Bien sûr, nous réutilisons aussi le matériel en bon état de l'année précédente.
Jacques Marget : En cas de casse, nous renvoyons au fabricant qui fera un échange ou une réparation et qui pourra ainsi analyser la raison de la casse.

11. En cas de nouveautés, recevez-vous une formation de la part des marques ?
Guillaume Bouveret : Oui, nous recevons une rapide formation. Ensuite, nous recevons régulièrement des mises à jour (notamment pour le matériel électronique) par newsletter.

12. Quelle est la journée type d'un mécanicien sur un stage ?
Guillaume Bouveret : C'est nettement plus tranquille que sur une course. Nous préparons les vélos des coureurs le matin et nous les nettoyons à leur retour d'entraînement.

13. Durant un stage, nettoyez-vous les vélos tous les jours comme sur une course ? Et côté boyaux, tous les combien les changez-vous ?
Guillaume Bouveret : Oui, les vélos sont nettoyés tous les jours, même sur un stage. Pour les boyaux, il n'y a aucune règle. Ca dépend de leur usure.

14. Hors chutes et pièces d’usure comme la chaine, un coureur garde-t-il son groupe pour toute l’année voire plus (utilisation du vélo de course année N en N+1 ?) ?
Guillaume Bouveret : Il y a 2 vélos par an et par coureur. Plus exactement, 2 Aircode et 2 Pulsium. Les vélos qui ont été utilisés en fin d'année deviennent pour l'année suivant les vélos d'entraînement des coureurs.
Ensuite, les vélos sont revendus par la FDJ.fr.

15. Combien de roues carbone sont à la disposition d’une équipe sur une année ? Que deviennent les roues abîmées sur chute ?
Guillaume Bouveret : Nous disposons pour l'année de 90 paires plus les roues de l'année précédentes. Les roues abîmées sur chute sont renvoyées chez Shimano. Soit elles sont réparées, soit remplacées.

16. Concernant le nettoyage du vélo, utilisez-vous des produits spécifiques ou simplement de l’eau savonneuse ?
Jacques Marget : Nous utilisons les produits de la gamme Morgan Blue, notre partenaire. Et franchement, depuis que je fais ce métier, ce sont les produits les plus efficaces que j'ai jamais utilisé. Le nettoyage des vélos est beaucoup plus rapide.

17. De nombreux cyclistes ne savent toujours pas comment bien entretenir son vélo, notamment en ce qui concerne la lubrification. Quels conseils peux-tu donner sur la lubrification de la chaine par exemple. Huile ou produits spécifiques ? Comment nettoyer cette chaine ?
Guillaume Bouveret : Nous utilisons par exemple l'huile Syn Lube de chez Morgan Blue pour les conditions humides, qui est plus épaisse.
Après avoir bien nettoyé la transmission, il suffit d'appliquer de l'huile sur l'intérieur de la chaine. Pas plus de 2 tours de pédalier.

18. J’ai parfois vu des mécanos appliquer de la graisse sur la chaine avant une étape sous la pluie. Quel est l’intérêt ? Modifiez-vous la lubrification en fonction des conditions météo ?
Jacques Marget : C'est une maladie des mécaniciens italiens ça (rires !). Il faut à tout prix éviter cela, car c'est le meilleur moyen pour que tout ce qui est abrasif pour la transmission reste collé à la chaine.

19. Utilisez-vous des roulements céramiques pour les boîtiers de pédalier ou de roues ou vous n’utilisez que du matériel fourni par les marques ?
Guillaume Bouveret : Non, il n'y a aucun intérêt, que ce soit en rendement ou entretien. Nous en montions lorsque j'étais dans l'équipe Saxo-Tinkoff d'Alberto Contador et cela nous demandait beaucoup plus d'entretien que les roulements traditionnels. Les roulements céramiques devaient être changés beaucoup plus souvent que des roulements en acier.
Et si Shimano ne les propose pas, il y a sans doute une très bonne raison.

20. Les cadres que vous utilisez sont-ils les mêmes que ceux que l’on peut trouver dans le commerce ou certains sont-ils adaptés en fonction du coureur (couches de carbone en plus, plus de rigidité, ..) ?
Guillaume Bouveret : Oui, ils sont strictement identiques à ceux vendus dans le commerce. Hormis pour l'Aircode, dont l'étrier de frein arrière est sur les haubans pour les coureurs alors qu'ils est placé sous la boîte de pédalier pour les particuliers.
Jacques Marget : Nous sommes très contrôlés sur le respect des normes UCI pour les vélos. Ils sont régulièrement contrôlés par scanner en course afin de vérifier qu'ils sont bien conformes au modèle soumis lors de l'homologation.


Un grand merci à Guillaume Bouveret et Jacques Marget qui ont bien voulu répondre à mes questions et qui vous aurons sans doute apporté quelques réponses intéressantes !