Un système qui existe en théorie

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Alors oui, le système de roue électromagnétique sur un vélo peut exister, comme le montre, sur la photo de droite, ce prototype Lightweight vu sur le salon Eurobike 2014.

La jante est spécifique, avec des aimants placés sur sa périphérie et des électro-aimants sont placés sur les haubans.

On est donc très loin d'un système totalement indétectable comme mentionné dans l'article.

Le journal Gazzetta dello Sport est très simpliste dans son explication puisqu'il indique que "des fils électriques sont installés dans une roue en carbone, et permettent une accélération sans effort", schéma d'une roue à l'appui.

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Placer des fils autour de la roue de cette façon ne permet pas, à première vue, de faire avancer un vélo. Dans le cas d'un moteur électrique, la direction du courant électrique doit être orientée spécifiquement pour que la force fasse avancer le vélo. Or, avec des fils simplement placés sur la périphérie de la jante placés comme sur le schéma, il y a de fortes chances que ça agisse comme un frein.

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Mettre des fils dans une roue n'a rien de bien sorcier (encore que cela oblige à ouvrir la paroi de la jante à deux endroits, ce qui devrait se voir). On pourrait très bien imaginer un artisan réalisant ces ouvertures et camouflant le tout sous une nappe de carbone.

Mais comme dans le cas d'un moteur linéaire synchrone, il faudra s'assurer que les aimants permanents (ou bobines) soient en nombre suffisant et placés à des intervalles réguliers. Ce qui allourdira la roue.

En plus de cela, il faudra de puissants électro-aimants placés dans les bases ou, comme sur le projet Lightweight (photo de gauche), dans les haubans. Electro-aimants qui devront être placés au plus près des aimants de la jante pour une plus grande efficacité. Quelques millimètres au mieux. Conserver l'espace actuel de près d'un centimètre entre la jante et les bases/haubans engendrerait de grandes pertes.

Mais bien moins en pratique

Ces électro-aimants vont nécessiter une batterie pour les alimenter ainsi qu'un processeur pour piloter tout cela. Ce processeur aurait, entre autre, la charge de commander la fréquence de courant appliquée en fonction de la vitesse de rotation de la roue afin que le système.

Pour la taille de la batterie, je ne suis pas expert, mais je suppose qu'elle devrait être conséquente pour offrir un minimum d'autonomie.

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Tout cela est donc possible en théorie, largement moins dans la pratique. Si on ne veut pas une roue pesant 5kg à cause des aimants, il faudra utiliser des matériaux très chers. Et même avec les meilleurs process, le poids total du système serait d'environ 2,5kg. Une fois de plus, ça ferait un vélo à près de 8kg, qui ne passerait pas inaperçu lors des contrôles.

Le journal indique que cette solution coûte 200.000€. Ils parlent d'un prix multiplié par 10 par rapport à un moteur intégré dans le cadre. Or le système Vivax Assist avec l'option Invisible Performance Package ne coûte que 3300€ ! On est donc loin, en multipliant ce chiffre par 10, des 200.000 euros avancés par le journal. A moins que le moteur utilisé par Femke Van den Driessche coûte dans les 20.000€, mais comme personne n'a eu d'infos à ce sujet, ce ne sont que des hypothèses.

Sincèrement, je doute de l'existence d'une solution aussi simpliste que quelques fils dans une roue en carbone.

Je suis d'ailleurs surpris qu'un si grand nombre de journaux aient repris l'information de Gazzetta dello Sport sans même se renseigner sur la faisabilité technique de la chose. Bien sûr, ce type d'article est vendeur, mais au final, plus proche du fantasme que de la réalité semble-t-il.